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LA BANQ^LTE DU PAPE

Dans laquelle rALfoluti on 7 desCrimeslespluâ enorrn.eîiw edonne.pourJelArg'entr. p";C^v. OUVHAGE

Qiiy-aU-va'u'lAntbitîim. ctlAvoj^tcc ' d&rPa.pcJ', Traduàrdclaitcte/tnc^ "^ Editwn Latine . NOUVELLE EDITION ^

Ile vue 4.V ri^ec , ei-atL^me/itcé , devlu^iôiWJ^^ re^uu^^pLCtf c^de-piotrieur^ TiecCif cfui- % ctttr rcLû^rt eu La. niam Matière. '

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AVERTISSEMENT

Sur cette nouvelle édition delaTAXE de la Chancellerie Romain e,ou l a Banqjte duPape, ^c. dam laquelle on fait connaître l'Auteur de cet Ouvrage j les diférentes éditions qui en ont été publiées ; les 'variété z qui Je trouvent eut/ elles ; les divers jugemens quon en a portez j ^c.

VO I c I une nouvelle édition d'un Livre qui a fait beaucoup de bruit dans e monde. Il y eft connu fous le nom de Taxe delà Chancellerie Romaine, ou LA Ban ct.u t d u P a-

V^ y &C.

De tout tems Rome a été une ville qui a re- cherché l'argent , 6c qui Ta même préféré à l'honneur. Horace eft un témoin irrépro- chable de la vérité que nous avançons. Ce Poè- te véridique nous aprcnd de l'ancienne Rome , ce que nous voïons de la nouvelle , quand il s'écrie , comme par forme de reprcche .. [^^ Concitoïens.

O cives t cives, qusirenda pecunia primum ejî, Virtus pofl nummos,

Rome Païenne , comme Ton voit , préféroit auirefois l'argent à toutes chofes', à l'honneur même. Rome Chrétienne recherche aujour- d'hui le même argent avec une avidité inlatia- blc. EUe^veut en aquérir par touces fortes de voies -, même par les plus frauduleufes & les plus iniques : ^ ce qu'il y a de lîngulier *, c'eft

5 quel-

II AVERTISSEMENT.

qu'elle s'éf-orce d'infinuer que tour ce qu'elle fait n'elt que pour la gloire de Dieu.

La Cour de Rome fait des entreprifes fur tour. Rien ne lui cil facré. Et fi on la voie queiquetois rechercher la brebis , fous prétex^ te de la ramener au bercail, ce n'eft que pour lui ravir fa toifon,

CuriaRomana nonquArk çvemjtne lanâ.

^ Elle ne longe qu'à atraper la fucceiïîon de Tiin -, qu'à tendre des pièges à l'autre , pour fe faire inlcrire dans Ton Teilament , qu'à tirer un infâme gain de toutes chofes. Son ava- rice croît , à mefure que fes richefles aug- rnenrent.

Alvare Pelage j, quia été , félon Bellarmin , un ardent défenfeur de Jean XXII. contre Occham 3 doit être cru dans ce qu'il dit des Papes & de la Cour de Rome. Il a laifîe un Ouvrage de planHu Ecclefis. j que le même Bel- larmin apellc injigne opus. Voici comme il dé- peint dans ce Livre lavarice de la Cour de Rome, yj Peribnne, dit- il , n'a Audience du Pa- »pefans païer, les pauvres ne peuvent paroî- » tre devant lui , parce qu'ils n'ont rien à don- ^ner,^^. Que diront à cela nos Seigneurs les » Cardinaux , qui ont toujours leurs mains in- wfatiables pour prendre j ôc qui ne difent ja- ^maisjc'cftairez?

Il ajoute, en parlantdesPréiats:» Commune- » mentaujoura hui les Prélats font prcfque tous » des mercenaires, qui cherchent leur profit, &: » non celui de Jefus-Chrifb. Ce ne font pas dQ,s » Pafleurs qui cherchent le gain des âmes :c'e[t » pourquoi ils s'enfuient i ils abandonnent leurs ^ Eglifes j ils ne veulent de leurs brebis , que

»l3

AVERTISSEMENT. m

» la laine , le lait , Ôc la chair , ^c. Ils ccicbrenc >)les Miftcrcs pour de l'argenc : ils vendent le » Corps de Jelus-Chrifl: : ils confacrent , don- » nent les Ordres pour de l'argent : ils conférenc »les^acrcmens pour de l'argent. Ils achètent » les Sacremens &: les vendent : mais il ne fau- » roient donner la grâce : car ils ne l'ont pas, » On ne donne rien pour rien. On ne reçoit » rien pour rien, Cir^:.

Le même Auteur nous dit qu'à Rome le plomb s'y vend plus cher que Ton pefant d'or. Il ajoute 5 qu'il ell fouvent entré dans la Cham- bre du Camérier de notre Seigneur , & qu'il y a toujours vu des Changeurs, des Tables cou- vertes d'or , &: des Ecléfîaltiques qui contoienc & pefoient les monnoïcs. jcan XXII. en amaf- fa des fommes prodigieulcs. Le Moine Lan- gius(^*) raporte qu il laifîa en mourant juf- qu'à vingt- cinq millions d'or -.ccquiétoit une fomme immenle en ce tems-ià. Tous les Mo- narques de l'Europe n'en auroient peut-être pas pu afiembler autant.

Claude d'Efpence fe plaignant de Tavarice» &: des extorlions de la Cour de Rome , nous fait connoïtre comment , §<: jufqu'a quel point elles ont été portées. » Quand on ne bute , dit- » il , qu'à tirer de l'argent , tout ce qui avoic » été détendu devient permis \ car il n'y a pref- » que point de défenfe dont on ne foit di/pen- » le à Rome , li-tôt qu'on a conté de l'argent. » Comme li le plus grand crime étoit d'être

» gueux

C 4 * ) Langiuî Chronica Citizen fti ad annun^ «334

TV AVEPvTISSEMENT, » gueux , comme le difoit Horace de Ton tefnj, >j Lt peu après -.Chofes honteufes ! ils donnent » peraiilîion aux Prêtres d'avoir des Concu- bines de de demeuiet avec des femmes dont » ils ont des enfans , moïennant un tribut an^ yy niieî. Ez même en certains lieux , il faut que >> les Prêtres fages &c chaltes paient le même *^tnbut que s'ils avoient une Concubine chez

•>)eux On pouroit dire que J'acufation de

w ce honteux trafic eft fauffe , 6c qu'elle a cré •ô> inventée pour rendre le Pape odieux, ce »n'étoic que la chofe eft publique Ôc connue î^ de tout le monde, (b)

On peut voir comment S. Bernard , l'admi- ration de Ton fiécle , grand faifeur de Miracles , Se le bon ami des Papes, en parle en divers en- droits de les écrits. C^*J

Les Papes mêmes n'en ont pas fcit miftére. Mathieu Paris nous rapcrte C^^J ^^'^ Lettre du Pape Honorius IIL il avoue en propres termes, » Que le deiir des richcfles avoir été » de tout tems l'oprobre 5c le fcandale du Siège Dde Rome. Ce qui paroifîbit fur-tout en ce »que l'on ne pouvoir expédier aucune afaire à »Rom.e fans dépcnfer beaucoup d'argent , àC v> ians faire de grands préfens,

Enée Silvius , qui a ocupé le Trône Papal , rou5 le nom de Pie U. dit de même j » Qu'U

» n'eft

( ^ ) Si ces Privilèges étoient bien établis , dit a cette ocafion d'Aubigné , dans fa Confelïioa de Saa- ci , Liv, II, Chap» II. Fils de Putain qui ne feroic d'Eglife.

( c * ) Fîd. in Cant, Cant. Serm. 5 1,

id *) In Henr, III. ann, 12.1$^

AVERTISSEMENT. v

*) n'eft rien que la Cour de Rome n'acorde »poui- de l'argent. Elle vend, aïoùce-t-ii, l'im- w poiition des mains , de les dons du Saint-ET- » prit : i^ avec de l'argent on en obtient tou- » tes fortes de pardons. (^*) 11 nous donne en » mcme-tems un excellent conleil , qui eft de » garder notre argent pour un meilleur ufage,- wque celui d'acheter des pâvdor^s, Nihil è^ft v quod ahjque argento Romana Curta non dedat r ?tam tr ipjk mci}?ûs impofitiones , ^ SpirituS' Sayicit dona.vtndtintur. Nec peccatoriim venia- nifinummatîs impenditur. Serva igittirawum^ lit càm opusfit , pr^fto requiras.

Lts Ecrivams les pius froids fe font éehaufez quand ils font tombez fur certe matière. Con-- rad , Abé d'Ufperg, ne fc pique point d'élo- quence ', il narre nettement , fans faite &. faaS' figure. Mais quand il tonîbefur l'avarice cfroïa- ble du Siège ilomain -, il paroît infpiré ^ il fort de fon caraétére de (impie Hiftorien , pour fe jetrer dans le flile élevé. Ecoutons-le parler. «Réjouis-toi, ô Vatican, le Trefor t'el^ ouvert, » tu peux y puifer l'or & l'argent à ta volonté.- » Prens plailir aux crimes des enfans des nom- » mes , puifque tu trouves ton avantage &: :oa »' profit dans leuis dércglemens ôcleur iniqui- » ce. Scme parmi eux la difcorde , puifque c'cft 3) pour toi une foiircc féconde de c'enrichir bc » d'amalfer des richeiîes. Tu poffédes mainte- » nant ce que tu as toujours deiiré avec une ); ardeur extrême. Réjouis- toi encore une fois ,.

»chan-

( e * ) JEnes Sylvii , feu Fit ficundi , Opera^

^ 5

VI AVERTISSEMENT.

» chante desCantiques d'ailégrefle.Tout le gen- » re-humains'eft mis fous tes ioix; non pas par- » ce qu'il a remarqué en toi beaucoup de piété » ôc de religion -, mais parce que fon penchant » déréglé ôc la corruption de ion cœur l'a en- » traîné dans tes filets. Ce n'eft point par une » véritable dévotion *, ce n'eft point par une » piété éclairée , que le peuple s'eft laifîe atirer >; vers toi : mais par la facilité d'obtenir, pour » de l'argent ^ la rémifîion de Tes crimes. Gau- y> de mater noflra Roma , &zc. Avec l'or on » ouvre le Ciel. Que dirai - je davantage i » Pour de l'or on vend Jefus - Chrift.

Mais entre tous les Ecrivains de la nouvelle Rome , aucun n'en a plus dit en moins de mots que Bâtifte Mantouan , Prieur - Général de l'Ordre des Carmes, qui vivoit vers l'an i ^oo.

Venalia nobis

Templa, Sacerdotes, Altaria Sacra^CoronA, Ignis 5 thura , preces , Cœlum efl vénale ^ Deufque.

C'eft-à-dire , tout fe vend à Rome 3 Temples , Autels 5 Sacerdoce 5 Sacrifice , Encens , Priè- res , le Ciel , & Dieu même. f/*J

Les feules difpenfes de Mariage qu'obtien- nent à Rome les Seigneurs & les Gentilshom- mes Efpagnols , qui veulent époufer leurs Pa- rentes 5 valent deux ou trois fois plus à cette

Cour,

(/* ) Bapt, Mamttan, Lih, IIL de Calamît* fuorum temp.

AVERTISSEMENT. vu Cour 5 quetoutcs les Bulles &: toutes les Pi'O vio- lions des Bénéfices de France.

Quant à ces Mariages, qui fonr très -com* iTîuns en Efpagnc &: en Portugal , & non-feu- lement parmi les Grands ôc les Tittdados : mais encore parmi les riches bourgeois jdont il y a même beaucoup qui ont cpoufc leurs nièces j cela ne vient point du caprice , ni du mauvais goût des Efpagnols 6c des Portugais , qui y au contraire , feroienc auifi aifes que les liançois d'avoir à choiiîr , mais de la néccHiué d'en ufcr ainii , pour ne pas fouiller les familles , qu'ils apellent Cafas limpias , ou Chriftianos viejos i par des alliances avec des perfonnes que fou /bupçonne d'être iiîues de fang Juif, ou que l'on fait être Chrétiens nouveaux. 11 femble qu'un pareil motif dévroit engager la Cour de Rome à ne point exiger de Difpenfes des Ef- pagnols 6c des Portugais : mais elle n'y trou-" vcroit pas fon conie.. . . . Ou&renda pecunia^ frimàm.

Les Polonois ? pour le dire en pciiTanc ^ pen- fent tout autrement fur ce fuicî que ks El pa- gnols 6c les Poriuc:ais. La nation Polonoife, félon un célèbre Hiftorien , a en horreur ces Mariages inccflucux , quoique fîitsavec Dif- penfe du Pape. Elle ne peut foufrir dans la fo- cicté civile, ce qu'elle ne ioufre pas même dans fes f laras.

S. Bernard , Ives de Chartres , Géofroi de Vendôme , Durand , Gerfon , Clemangis , 6C prefque tout ce qu'il y a eu de Théoîogiens éclairez, ont regardé ces fortes de Difpenfes comme criminelles. Si quelques autres les ont cru valides , ce n'a éré qu'en ce fens, qu'on ne s'en fer: que dans \q for extérieur. Mais ils n'ont pas prétendu pour cela excufer de péch î* »

^^4

viïT AVERTISSEMENT,

ni ceux qui les donnent , ni ceux qui les re- çoivent. Numquîd ideo aut maliim ejfe deftit » aut vel miriGratum eji y quia Papa concejjit ? ccrivoit S. Bernard à Adam Moine de Mo- limond.

Si l'on peut décendre du grand au petit , nous avons en France des Cours Epifcopales > qui imitent la Cour Papale en fait de Banque Eclêfiaftique , de Monopole , ôc de Sin:Tonie , comme en bien d'autres déreglemens. En voici sa exemple entre mille que nous pcurrioîis ïaporrer ,' nous le tirons des Nouvelles Eclé- fiaitiques du 21. Juin 17:^1.

A peine M. La^nguet, y dit-on , fut-il pafTé de l'E vêché de SoilTons à l'Archevêché de Sens-, que le Chapitre de l'Eglife Epifcopale fit un excellent ufage de fon autorité fur un point très-important. Il réduifit à l'ancien taux le Tarif du Secrétariat , que M. Languet , Suc- celîeur d'un Prélat fort defintéreffé, (^* ) avoit mis l'ur un pié fort exorbitant. Pour un fimple Vifuy C^*J il *^'^^^ que 5 liv. félon les Ordonnances. On en prenoit trente , ôC quel- quefois jufqu'à 7f 6i 90 liv. à proportion du revenu du Bénéfice : ce qui miOntoit à une grof- ïe fomme , lorfqu'il y avoit plufieurs Concur- rens pour une même place. Une Cure étoit- elle vacante j on faifoitcinqoufix Mutations,

{g*) Fabio Brulart de Sillery , mort en 1715';

( ? *_) Terme d'Eglife. Lettres par lefquelles l'Ordinaire te'moigne , qu'aïant vu les Provifions 5t examiné la perfonne , il l'a trouvée capable de pof- féder un Bénéfice. Celui qui prend PofTefîion avanî le Fifa i eft cenfé Imxus , Ôc perd fon droit»

AVERTISSEMENT, i^

tn conférant les Cures d'un plus fort revenu a ceux qui en polTédoient de moindres j enforts <]u'une feule vacance produifoit quelquefois au Secrétariat pour loo liv. de Vi/à.

Le prix n'ctoit pas fixé pour les Difpcnfes de Bans , ou de parenté du troifiéme au qua- trième degré. Souvent cela aloit à 200 liv. fé- lon les facultez des Impétrans. M. Langucr ne porte point la perruque. Pour avoir pcrmif- iîonde la porter , chaque Prêtre, ou Diacre > païoit 5 liv. Le Prélat impofoit tous les ans fur fon Clergé , fans en rendre conte 1000 liv. pour les pauvres Ecléfialliques , 6c 3. à 400 1. pour les frais de fon Oficialirc .

Enfin l'on peut dire qu'il ne donnoit rien gratis;^ il feroit dificilede s'imaginer jufqu'oii il poulîbit cette forte de fîmonie. Perfonne n'étoit admis à recevoir le Saint- Efprit dans la Confirmation , qu'il n'aportât un bandeau de toile , dont la mefure étoit réglée à l'Evêché » & qui fervoit enfuite à la Chapelle Epifcopa- le. (fi *^J On a entendu marchander dans le Secrétariat , ni plus ni moins que dans la bou- tique d'un Marchand. Le Peuple fe plaignoic tout haut de cette m.airôte. Et le Procureur du Roi aïant un jour entrepris le Receveur des Infinuations Eclcfialliqucs , comme concuf- iionnaire , le Prélat fur qui l'acufation retom- boit , parce que c'étoit fon homme , fut fi bien fe retourner , qu'à force de follicitations , il arrêta les pourfuites,

Quîd

(i * ) Il y a peu de pratiques imaginées par Re- ligion , donc on n'aic enfin abufé par inçérçc ou par fuperfticion.

xit AVERTISSEMENT,

convenir à notre fujec \ deforte que cette va- riété de Notes , Théoiogiques de l'un , & Grammaticales de l'autre, excellentes chacu- nes dans leur efpéce , fera d'un avantage peu commun poi:r notre édition. Outre cela , nous y en avons ajouté de nous - mêmes pluiieurs y qui ont raport à la Théologie , à la Grammai- re, à la Jurifprudcnce , à THiftoire, bc même, à la Critique. 11 feroir trop long d'indiquer ici les foarces nous avons puiie j mais nous le,, faifons ordinairement dans les Notes. Et pour .qu'on puille conncître l'avantage que notre cdirion a fur les précédentes , nous avons diftingiié les nôtres d'une '^ aux lettres ai- phabénques qui s'y rencontrent.

La féconde Partie de notre Ouvrage renfer- me, Attîcie I. quelques Bulles qui lont éma- nées dM Vatican , en vue d'établir des fubiides fur les peuples qui veulent bien fe foumettre au jou£ç fcrvile que ce Tribunal tirannique leur Impoie. Ces Bulles font comme des Edits Bur- fcaux , par lefquelles le Pape établit des Tri- buts &; des Contributions fur tous ceux de fa communion. Nous y gavons ajouté quelques Remarques, qui font voir quecesimpolitions ne font fondées que fur la fupercherie , la ii-- monie , la mauvaife foi , Qc.

Comme ces Bulles ont pour Titre , Bulles de la Croifade ; nous les avons fait précéder d'un Abrégé hillorique , de ce qu'on apclle Croifade. On y verra que la Croifade étoic autrefois un vo'ùge &: une entreprife de guer- re, que les Chrétiens faifoicnt par dévotion , pour recouvrer la Terre- Sainte fur les Infi- dèles > & qu'elle étoit apellée ainfi , parce que ceux qui s'engageoient dans cette guerre mettcient des Croix fur leurs habits.

La

AVERTISSEM EN T. xiri ' La mode des CroiCades eft pafTce ; S: depuis pluiicurs licclcs , on ne parle plus de conqué- rir la Terre-5ainte. On a reconnu , mais un .peu tard , que ces enrrcprifes ccoienr non-feu- îemenc téméraires , mais cruelles , i'angui- naircs , d^c. Et on s'e(t perfuadé que l'on pouvoir être bon Chrétien fans aller fi loin, 11 en faut cependant excepter les Espagnols » qui n'ont pas encore ouvert les yeux fur ces fortes de fuperftitions. C'eft en leur faveur que ces Bulles fe publient tous les ans ; il fauc Je dire , à leur honte ; Qui vult decipi deàpiu' tiir. Ils rendent même un grand honneur a ces parchemins , qu'ils les portent ea Procef- iion 5 en cavalcade , au Ton des tambours , des trompettes 5 des hauts-bois; 6c avec autant de tintamare & de cacophonie , que nous ea voïons tous les ans à la Procefîion de ia Paroif- fe du Curé de S. Sulpice à la Fête-Dieu,

Le deuxième comprend une Taxe pour l'Honoraire des Curez & des Ecléiiaftiques de la Ville 6^ des Faubourgs de Paris. On y verra une monopole afîez étendue 6<: afîcz dé- taillée de ce que ces MeHieurs exigent pour ]es Mariages , pour les Convois , pour les En- terremens", (j'c. &c autres menues tonélions de leur miniftére. On y verra la diférence du taux de la haute Croix , & de la petite Croix : ôC fur-tout celui auquel cil: taxée l'ouverture de la place pour enterrer le corps. Ces Taxes fu- rent établies , ou confirmées par l'Archevêque de Paris en i6^^. (^) fur des Mémoires que

lui

( è ) François de Harlai de Chanvalon,

3C1V AVERTISSEMENT, lui prefentérent quelques-uns de fes Curés. Et pour donner à ces Taxes force de loi , afin d'y afluiétir les pauvres peuples , les Impétrans les ' firent omologuer au Parlemenr. Nous rapor- tons en mëme-tems l'Arrêt d'Omologation.

L'ocafion que nous avons eu de parler de la défenfe de lire la Taxe de la Chancellerie, laquelle a été prohibée dans plusieurs Index y nous engage à renvoïer nos leéleurs à ce que dit fur l'origine de ces fortes de condannations, l'Hiftoire du Concile de Trente ^ le fameux Fra-Paolo , & fonTradutSleur , le Père le Cou- rayer (Tom. II. pag. 1^9.) On y verra l'ori- gine de la prohibition des Livres. Par quels degrez cette coutume efl; parvenue au point oùelleen:, & quels Réglemens nouveaux on a fait fur cette matière. Oci y verra que l'on condanne pluiieurs Livres modernes , impri- mez en Italie àc à Rome , avec l' Aprobation de rinquifition , & celles des Papes mêmes : com- ine les Annotations d'Erafme fur le Nouveau X<^{laraent, que le Pape Léon X. après en avoir -fait la ledlure , avoir aprouvée par un Bref du .dix de Septembre de Tan 1^18. mais ce qu'il y a de plus remarquable 5 c'eft que , fous couleur -d'ortodoxie & de Religion, on y défend la lec- ture , ôc on y condanne avec la même févérité les Auteurs des Livres , l'autorité des Prin- ces & des Magiftrats féculiers efl: défendue con- tre les ufurpations des Ecléfiaftiques , le pouvoir des Conciles & des Evêqueseft main- tenu contre les prétentions de la Cour de Ro- me, & l'on découvre l'hipocrifîe , &; la ti- lanie que l'on emploie pour tromper &: afTer- vir les peuples fous le manteau de la Religion, 11 faut avouer qu'on ne trouva jamais un meil- leur fecret, que ces condannacions , pour ren- dre

AVERTISSEMENT. xv

dre les hommes lUipides , fous prétexte de les rendre plus religieux.

Le troilicmc Article renferme un Abrégé Hillorique delaCroilade des Albigeois. Apres avoir parle de l'origine &dubutdes Croifades en général , de des voïages d'outremer en par- ticulier : nous avons cru devoir parler de ce qui s'etoit paflc dans le Roiaume &c aux environs, à i'inftigation des Papes , fous le fpccieux titre de C roi fade.

Pour donner une idée complettc de la Banque du Pape, nous avons cru devoir parler ample- ment de la Chancellerie Romaine , & de la Chambre Apollolique. L'une de l'autre nous ont fourni une matiéreaflez ample pour en fai- re deux Articles; favoir , le quatrième Se le cin- quième. Nous trairons dans le quatrième, du Chancelier ôc du Vice-Chancelier du Pape. Du Régent , des Prélats , de des Abbréviateurs de la Chancellerie du Pape, Du Secrétaire des Brefs taxez. Du Secrétaire des Brefs fecrets. Da Préfet des Brefs taxez. Du Prétèt de la Signa- ture de Grâce. Du Préfet de la Signature de Juftice. Des Prélats Référendaires de l'une dC de l'autre Signature. Du Darairc , de du Sou- dataire du Pape. Du Préfet desCompofitions ou Accords qui fe font à la Datcrie. Des Ré- vifeurs, Régillrateurs , de Abbréviateurs de la Daterie. Des cent Ecrivains Apolloliques de la Daterie, ^c.

Dans l'Article cinquième , M ed patlé de la Chambre Apoftolique , qui eft le Confeildes Finances du Pape. On y traite de fes OHciers en général, de de fes Clercs en particulier ; du Tréforier-Général , de l'Auditeur , du Préfi- dent y du Commilîaire , de l'Avocat , & du Procureur-Fifcal de cette Chambre.

En/iq

xri AVERTISSEMENT.

Enfin nous avons mis à la tête de l'Ouvrafe deuxEltampeshiéroglJfîqueSîdontnouscroïons devoir ici donner l'explication. Le Cartouche dans lequel le titre fera enclavé , cft décoré de plufieurs AngesjOU Génies.Ceux qui forment la bordure , tiennent entre leurs mains les difé- rentes marques des Dignitez Ecléfiaftiques , comme d un Dodieur ou d'un Prêtre,d'un Abé, d'un Evêque , d'un Archevêque , d'un Cardi- nal , du Pa^e. Au bas du Cartouche , on voie à droite deux Génies 5 tenant des facs d'argent qu'ils vuident dans un cofre fort , qui en paroît tout rempli -, ceux de la gauche tiennent entre leurs mains le titre de Collation des Dignitez , dont on voit les marques dans la bordure , ou la cédule d'abfolution , eil marquée la taxe smporée pour le rachat de la pénitence Cano- nique 5 qui eft aujourd'hui entièrement abo- lie 5 &: dont ces taxes ontpri^s la place. Ce qui nous marque que tout , même les Dignitez les plus facrées , font en ce tems-ci achetées à beaux deniers contens.

Dans l'Eftampe qui acompagne le titre , on voit le Pape afTis fur fon Trône , tenant en main le Livre de la Taxe de la Chancellerie Romaine ouvert , qu'il préfente , comme la loi de laquelle il ne peut s'écarter, aux Suplians, qui fe trouvent en grand nombre devant lui, pour obtenir l'Abfolution , ou des Difpenfes. Le Pape eft acompagne de plufeurs Eveques S^ Cardinaux , les Confeillers. Les Oficiers & Secrétaires de la Chancellerie font affis à un Bureau au haut de la Salle , pour écrire & fî- gner les diférens Aétes dont on acorde l'expé- dition. Sur le devant de fEltampe , on voit le Génie de l'Hiftoire , qui , guidé par la vérité 3 ^cciairée elle-même de la lumière du foleil ,

écrit

AVERTISSEMENT, xvii ccrir tout ce qu'elle lui dide. Une de fcs Com- pagnes tient d'une main Ton cornet , 5: IVddc de" l'autre à fbutenii le Livre lur lequel <?]lti écrit. Elle a iar un de Ics^çeiioux le Livre des Taxes fuimontc d'une clef? qui marque que l'Hiftoire en a l'intclligenie, qu'elle va com- muniquer aux Lcclcuss avec lidtlité , dont le chien, qui ell à côté de fa Compagne 3 ef!: \c fyrnbolc. Au- deflus d'elle cil un. Génie, qui tient en main une lunette , ^ icmble dire à i'Hifloir: ce qu'il vient de découvrir. A l'en-- rrée de la Salle , on aperçoit le tems qui tire le^ rideali , qui la fermoir aux Speétateurs , ôc l'a- tache fortement avecun coidon , afin qu'il ne p'uifTe plus recomber.Cequimarquequela véri- té redécouvre avec le rems, &: qu'étant une fois dévoilée, il n'cit pasaiic de robfcurcir. Enfin le Dellinateur a laiffé la fenêtre du haut de la Salle ouverte ; pour nous laifTer voir dans le lointain dif^rens Courriers , qui portent dans toutes les parties du monde les expéditions de la Chancellerie Romaine.

Outre cette Ellampe on en a mis une féconde après les Préfaces , à la tête de l'ouvrage. On peut envifager celle-ci comme divifée en deux Groupes. L'u.} fupérieur , l'autre inférieur. Celui-ci reprefente un Banquier dans fon Bu- reau j avec fes atributs ; c'eft-à-dire , des facs pleins d'argent -, des Jetons pour calculer -, des Livres de comptes , ^c. Devant fon Bureau font piufieurs perfonnes de divers états : Prê- tres , Laïques , Moines , ^c. qui viennent loi- liciter des pardons. A leur embonpoint , on peut conjedurer que leur findérèfe n'efl: pas bien grande , c^ que ce qu'ils font ell plus pour la forme , que par une véritable eltime des l'ancactes qu'ils demandent.

îcviii AVERTISSEMENT.

Le fécond Groupe , qui eft au-defTus du Bu*

reau de M. le Banquier , reprefente le Pape

même dans une Salle d'Audience , en habits

Pontificaux , aïant une table devant lui , fut

laquelle on voit un grand nombre de pièces

d'argent , qui ell le prix des Bulles, des Dif-

penfes , j^c. qu'il délivre à quelques gens d'E-

glife 5 qui font prefens. Derrière le Très-

^ int-Pere , & comme au-defTus de fa tête , on

3it des atributs Epifcopaux , Croix , Cha-

^aux , Mitres, Crofles , CÎ7'<^. qui y font expo-

' i en vente , ^c.

- Au bas de toutes ces reprefentations , on voit fameufe Infcription , M A M M O N i Dieu des Rkhejfes,

MEMOI-

MÉMOIRES

HISTORIQUES ET CRITIQUES.

Dans lefqueU on fait connaître V Auteur , les diverfes Editions , les TraduRtons François Je & Flamande , &ic. d'un Ouvrage Latin ^

intitulé :TAXy€ SaCRj€ CANCtLLA* KlyE ApOSTOLIC^jET TaX^ Sa- CRyE pENlT£NTIARlyE ITIDEM

Apostolic^ ; cefl-â-dire , T a x e s DE laChancelleriedeRomej ET Taxes de sa P^NiTENCERifi»

M

O N S I E U R

Quoique ma manière d'écrire vous foit con- nue 5 & que ma métode foie aflez uniforme dans les réponfes que j'ai Thonneur de faire quelquefois aux queftions que vous me pro- pofez, je ne laifTerai pas de vous expofer de nouveau celle que )e fuivrai dans ces Mémoi- res. Ainfi , Monlieur , j'aurai l'honneur de vous parler d'abord de l'Aureur des Taxes delà Chan- cellerie, J'entrerai enfuite dans le dérail des di- verfes éditions qui en ont été faites. Je parlerai des diférences qui fe trouvent entr'ellcs : je vous ferai connoïtre les Abrégez §c les Traduc- tions qu'on en a publiées.

Voilà ce me femble , Monfieur, la métode la plus courte , &: en même-tems la plus claire dont on -puifTe fe fervir , pour répandre quelque ^our fur l'hiftoire d'un Livre qui a fait du bruit dans le monde , &: dont pluiieurs Savans ont •çu ocafionde parler dans leurs Ouvrages :niais

f% M E' M O I R E s*.

qui cependant n'en ont pas fait mention avee toute l'exaftitude qu'on auroit pu atendre d'eux.

L'Ouvrage donc qui va faire le fu jet âe cette Lettre , efl intitulé : Taxs. SacrA Cancellari^ JipoftolicsL 3 ^ TaxA SacrA PœnttentiariâL iti- dem Apoftolicâi; c'elt-à-dire , Taxes de la Chatt' sellerie de Rome , avec celles de fa Vénhencerie» 11 y en a eu piulieurs éditions. ]'en connois une partie fur le raport d'autrui , je connois l'autre par moi-même, pour l'avoir actuelle- ment entre les mains. Je vais efTaïer de vous donner une idée des unes & des autres : mais avant que d'entrer dans le détail , il eft à pro- pos 5 comme je vous l'ai promis , de dire quel- que chofe de leur Auteur. Voici ce que nous en aprenons des Recherches de M, Marchand* On croit 5 nous dit ce favant Bibliografe, flj que ces Taxes doivent leur origine au pape Jean XXII. qui vivoit vers l'an i^i6» c'ed au moins l'opinion de Polydore Virgile , qui dit dans le Chapitre fécond du huitième Livre de fon Traité de Inventoribus rerum > que ce Pape «faifant du bon ménager, 6c yy pour fouflager fa maifon, qui avoir indigence »de trop 5 ou lui qui étoit trop avaricieux s 7) inftitua la Chambre du Greffe , ou des Sécré- » taires, qui furent mis à certain nombre , 6C » lefqueis dreflbient les Bulles à leur fantaifie, » aians aufli aultres Charges. Mais ces Greffiers » n'y venoient fans convenir de prix , & païer â) quelque cas de ferme à la Chambre Apoftoli-

» que.

(/) Dans fes Remarques , fur les Lettres ehoifies àt M. Bayle, publiées à Rotterdam en 1714. chçj

Fïitfch ô6 Bohm , en çiois yoluaies in-é^az^^

^ M E' M O I R E s. xvf

J)que. Ce fut lui qui inliitua les Taxes, par Icf- quelles on fait la fuputation du revenu des » Bénéfices par lui conférez, & que là-deiîus on »/itdesimpoiitions, dc en fut levé cens de re- >> venu, qui efl chofe aparcenan: du tout à la » Chambre , qu on dit Pénitentiaire. « Polv^ dore VirgUe, traduit par François deBellefo- reft imprime a Paris , chez R.leMagnier en

Le Cardinal d'OfFat femble avoir adopté le de'swV il' lV°^.y'io'= Virgile, fur l'A^uteur des Taxes. Il en fait en meme-tcms un portrait , qui montre evidament de quoi îean XXIT

ie. «Jean XX 1 dit-il , François de nation, » dont i! me déplaît , fut le premier , qui ou*.

l ënrt' ^^^" ^ ^"'""r "ï"'" ">ventrôtanc «encore, en tant qu'en lui étoit, aux ChaDJ «très des Eglifes Cathédrales l'éleftion dé;

leroy -^ ' "^ =°hàM.de Fil-

XXU%f^ZiT'^"^°f ' ^"' atribuent à Teaa AAll. letabliflement des T^v/T Hr ^.„; V

voir l'avarice & l'erprit hu^SlIde^'ce'pÔn'^^fe Romain , , ai ete furpris de ne rien trouver fur' cet article dans la nouvelle HiHoirel 1>L pub.éeen ,755. il fembirSe qu'irai?

m

fpag. m!*" ^'' ^^P">E<iic. i/ÎÎ.Torae

M E' M O I RE S.

„i I M E' M Y ^ - -p^- fe plaint

ae certainsClercs, tant feculie^s^^ ^

,]m ttop.ayides ,vf"™"'f non-feulement en Jes Dignuestclefiafti^ues , non ^^ ^^^^^^

difétentes t^l'^tU^^l .uWe='P°f« r""- Roïauraes.Onaioutequ^iy j.^^_ Ueftvral véniens qm naiflent cie ^a m .j ç^

<mel'Hiftonen modère ""P^i^ pluralité des avouant que -^^''»"|""atn qu'aucun Ecléfiaf-

ce d'ames que par ^4/f"(^„oï„e > à la ven- eur quoi i:H'.rtonen ta tconno^tt > ^^ ._

«, que cétou unmoi.n dav° ^^^^^,nr ^,, ixiais il ne P«l^P,?'"'une petite omifllon. Taxes ic^ qu> "^" %oVdote Vir£;ile. ^ ipKS ce qu'en ^^^ ^^X" le T.fc^^« '^" P'»"

j^e. T"-^ '^, PSéfabUffement d.sTaxes. ^wnbue à ce ^'«""t^ ^^^in ne nous fait point Mais comme ^c fa^n n ^^ ^^ ^^^^

connoitre les A"/="| ' opofuion , )ectoi que ■pour avancer une tel.epro^ ^^^^^ent qui

^ous devons ^°"k'^,'nTà Jean XXII. Ce qui attibue cet «abliffeme« ^ ^^^ p^p.S

fcura pu letter A^^l^'i^ue , fuivant ce que dans cette «f"Vonvtt1 ces Taxes n ont ete

„ousen a^'SLlies que fous le Ponnticat ^ tendues P".W,iq««, que^ leur invention 8C

f^!r'é?S--'-inousavo^^

"T^ableau des Papes de Rome , pour bien ia^ gJdVJconftitution de Clément XI.,..».

MEMOIRES. XXI II

font pas moins dus à Jean XXII. Voilà , Mon- iieur 5 pour ce qui regarde l'origine, &: l'Au- teur des Taxes de la Chancellerie > & de la Pé- iiitencerie Romaine. Parions des diferentes éditions qui en ont été faites.

La première édition , que l'on connoifTe de cet Ouvrage a été faite à Rome per Marcellum Silber i aliàs Franck^, in campo Flors. anno MDXHIJ. dte XVHL Novembris. Par ordre de Léon X. Et c'eft proprement fur celle -li qu'on a fait les fuivantes.

L'année d'après j c'eft-à-dire , en i n il V en eut une édition à Cologne ^ chez Goiuinus Colinius , in-o^avo.

Une à Paris , avec Privilège du Roi pour trois ans en i ^lo. in-o^avo , chez ToufTaints Denis &c Galiot du Pré , rue S. Jaques , à la Croix-de-Bois , aïant au frontifpice les armes de l'écu de France , & celles de la Maifon de Médicis 5 dont écoit Léon X,

Quoique M. Marchand nous donne cette édi- tion pour un in-o^avo\i\Qi\ bon de remarquer qu'elle eft in-quarto; ce qui n'a pas échapé à Voëtius. CoJ Elle eft acompagnée , comme porte le titre , d'une Defcription d'Italie, d'un Abrégé Hiftorique de l'Univerfité de Paris 6C d'une Taxe desBénéfîces Ecléfîaftiques de Fran- ce, & plufieurs autres petits Traitez j notre Taxe contient xli i. Pages, numérotées d'un feul côté , lefquelles par conféquent , étant doublées , font un ouvrage de 84. pages. Elle eft divifée , comme le Libraire le dit dans fon Avis au Ledteur, en quatre Parties , indiquées

chacune

{0 ) Focm Difpuw. ThçolQ^, Tom, II. ipCi

-XIV M E' M O I R E S.

chacune au haut de chaque page par une de cesLeirresderAlfabeih, A. B.CD. Chaque Partie a fa Table particuhére , de le tout eft en cai-â'ftére gotique 3 Ôc muni d'une Table générale.

Ceft fur cette édition 3 Monfieur , que d'Au- bigné nous donne une idée li iingulicre de la. Taxe de la Chancellerie. Apres avoir parlé de quelques Livres extraordinaires 3 il s'énonce ainli lur celui des Taxes. ( p )

» Il y a un autre Livre , ce font Tes termes ,• >/ lequel ceux dont j'ai tantôt parlé ont ion » voulu extirper: mais le Saint Siège ne le »permettoit jamais. c'eft le Livre des P Taxes, un bon Catholique voit les pé- a)chés àbon marché , 6c fait en un coup , pour 3) combien il en doit être quitte. Celui qui au- » zz défloré une vierge , doit j?^ gros. Oiiicon- »que aura connu charnellement , de toutefois » de gré à gré , fa propre m.ere , fa fœur , fa cou- »iine germaine , ou fa commère de Bâtême, »il cn'eft quitte pomcinq gros. Toutefois li »cela efl connu enTEglife , il en [^uxjix. Pour » avoir tué fon père ou fa mère 5 il faut un du-^ yycat , ^-c cinq carlins. Je vous en defcrirois » bien davantage , ajoute d'Aubignéj mais )'aU » me mieux vous dire j que ces chofes font ef-

» crites

(p) Dans fa Cofîfeffïon de Sanci , imprimée dans ItJoiifnM des chojèrmémorahles advenues durant le régne de^ Henri III. &c. La Confclfion de San- ci ocupe leîecond Tome de ce Journal , premie're Ôz féconde Paràe ; ^ i'endfoic «jue nous çitQUs eft à la pag. j:(5.

M E' M O I R E 5. XXV

«critcs au Chapitre des Difpenfes perpé-

» ruelles, {q)

C'eft faute cl*avoir vu cette édition , pour Hb le dire en pafTant , que Raylc dans ion Dic- tionnaire , article Pinet y n'a rien compris à ce que dit ici d'Aubigné du Livre des Taxes y &c entreprenant de le confronter fur une autre édition , mais qui n'en eft que l'abrégé , com- me nous le ferons voir plus amplement dans la fuite.

Le célèbre Doéleur Claude d'Efpence, qui ne doit pas être fufpeft à la Cour de Rome , penfoit de cette Taxe , non-feu!ement comme d'Aubigné-, mais il femble enchérir fur lui, en faifantconnoître qu'on aprend à commettre plus de mal dans cet abominable Livre, que dans tous les Recueils & toutes les fommesdes crimes, (r) »On voit ici à Paris, dit-il, ua » Livre imprimé , qui fe vend aujourd'hui , ôC » depuis long-tems tout publiquement, intitu- » ; Les Taxes de la Chancellerie Apoflolique ^ X) dans lequel on peut aprendre plusd'énormi- »tez ôc plus de crimes que dans tous les Li- » vrcs des fommifles. Et de fes crimes, il y en »a quelques-uns dont on propofe à vendre U » permilîion de les commettre : & de tous , on » met en vente l'abfolution quand on les a «commis. ]e me difpenferai d'en aporter les » paroles x car comme a bien dit quelqu'un ;

Nomi*

( 5' ) Ce Chapitre commence au feuillet xxxvj fit cft intitulé, Qutnquenniaks ^perpétua Di/pett'* Jationes.

[Y )Cl. Efpenfeus ad capmprimum Epifiola a^ *Inum^ Dizrelpom IL

XXVI M E' M O I R E S.

.Nominajunt ipfo penè timendafono,

C'cft-à- dire 5 les feules paroles en font horreur.

Cependant lui-n:iême ne laifle pas dans la fuite de faire le détail d'une partie des énormi- cez de ce Livre. Il raporte comment il s'y trou- ve des abfolutions^ des licences , & des impu- nitez. >: Pour les adultères, les fornicateurs j, »les parjures, les (imoniaqucs , les fauflaires, » les raviîreuïS3 les ufuriers , &:c. Pour les ho« 5* micides , non- feulement cafuels & involon- » taires -, mais aufli pour les volontaires. Et de >jce privilège ne font point exclus les meur- y) rriers des Prêtres, les parricides, matricides, w fratricides'îiesmarisqui tuent leurs femmesjlcs S) mères qui tuent & qui étoufent leurs enfans , «iesforciéresj les magiciennes, les empoifon- s> neufes,les concubinaires , les inceftueux , (j'e. » &: il conclut par cette exclamation , habeat jam Romapudorem , &:c. Que Kome foit cou- verte-de honte 5 & qu'elle ceffe de produire cet horrible Catalogue de fes Crimes.

On pourroit faire entendre fur la même ma- dère le Pétrarque, Nicolas deClemangis, An- îonin Archevêque de Florence , un des Saints de Rome-, Rodrigue de Zamore , le Moine Langius , te cent autres témoins : mais j'aime mieux m'arrêter ici pour ne point abufer de votre patience.

Après de pareils jugemens portez par des Partifans aflez zèlez du Vatican , vous ferez moins furpris, Monfieur,de voir ce qu'en pen- feun Miniltre de la Religion Réformée ,& qui s'apuïe même de l'autorité de Claude d'Efpcn- ce , dans le reproche qu'il fait là-de/Tus à TE- vêque du Belley. Voici comme il s'en explique»

iP Je n'ofetois dire de ce Livre ^ c'eft M- l^re-

» lia-

M E' M O r R E s. XXVI t

il lincourt qui parle , ( x ) tout ce qu'en a écrie » le Dofteur d'Efpence , jufqu a lui apliqucc Dces paroles.

» Proftat tr in qu^Jîupro meretricefedn.

«Tant s'en faut que l'on ait honte parmi » vous de ce Livre , qui convie les Marchands »au Ton de la trompette , que l'on ne cefTe de » le publier & de rexpofer en vente. J'en ai vu » jufqu a trois éditions de Paris. La première »en 1710. qui a été fouvent citée parles nô- »tres. La féconde en U4^ Ç^J ôclatroifié- » me en I (^1^. par celui-là même qui imprime » vos Livres, (m)

» J'ai parmi mes Livres , l'édition de i ^ io« »& celle que nous avons oui publier en 161^. » Je les ai confrontées , Se les ai trouvées con- » formes. Et particulièrement ces paroles qui » crient vengeance devant Dieu. Et nota dili- yygenter quod hujufmodi gratiéi & dijpenfatij^ y) nés non conceauntur pauperibus , quia non nfunt 5 ideo non pojjunt confolari ; c'elf -à-dire, » & notez diligemment , 6c de fait la chofe le » mérice , que de telles Grâces ^ Difpenfes , ns »y^ concèdent point aux pauvres : car , parce » qu'ils nom pas de quoi , ils ne peuvent être » confolez-

»Ces paroles- là, dis-je, c'eft: toujours M. » Drelincourt qui parle , qui fe trouvent au

»feuiU

( sj Drelincourt : réplique à la Réponfe de M. (2i| Belley. Pag 370. 371. &c. ( r ) Apud Galeatum à Prato^

(m) Apud Gçrvafium Alliot,

^ ^ ''^ *.

XXVI îi M E' M O I R E S.

» feuillet xxii) Çx^ de l'ancienne édition de %' i ^20. ie trouvent aufîi en ia pag. 208. de la «nouvelle impre^Fion de 162^-. de ceux qui >)ont l'édition de l'an 1^4^'. les rencontreront »&u feuillet 1 30. {y)

Auriez- vous bien pu croire 5 Monfieur, qu'un Vicaire de Jefus-Chrift eut fait une Lifte de crimes énormes 6c d'impuretez inouics , avec pne r^AT d'argent pour obtenir l'abfolution d i chaque péché? Il eft vrai que la Cour de Rome a eu honte de ce Livre , on le fait bien. Elle l'a iupriméj tant qu'il lui a été poiTïble. Elle Ta inféré dans l'Indice Expurgatoire du Concile 4e Trente : mais ce