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REVUE
ZOOLOGiaUE,
PAR
LA SOCIÉTÉ CUVIERIENNE,
Année 18&6.
PARIS. — IMPRIMERIE DE FAIN ET THÙI^OÎt , Rue Raciite , 28 , près ne l'Odéon.
REVUE
ZOOLOGIQUE,
PAR
LA SOCIÉTÉ CUVIERIENNE;
ASSOCIATION UNIVERSELLE
POUR
L'AVANCEMENT DE LA ZOOLOGIE, DE L'ANATOMIE COMPARÉE ET DE LA PALEONTOLOGIE;
Journal mensuel.
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. F.-E. GUÉRIN-MÉNEVILLE.
PARIS,
AU BUREAU DE LA REVUE ZOOLOGIQUE ,
Rue des Beaux-Arts , 4.
1816..
■kUMP^:^'^-^
iSJEUVlÉME ANNÉE. — JANVIER 1846
I. TRAVAUX IIVEDITS.
Notices et rectifications synonymiques, par M. Hartlaub.
1. Pipra Laplacei, Eyd. et Gerv, Zool. de la Favor. 1836.— Ampelis fusca , Vieill. Nouv. Dict. VIII, p. 262. — lodopleura fusca, m. Mus. Lugdun. C'est par erreur que Lesson indique Ceylan comme étant la patrie de son /. pî'pra ( Euphone aurora , Sundev.); le genre est exclusivement américain.
2. Cinclodes inorna lus , Less. Rev. zool. 1840. p. 267. — Upu- certhia nigrofumosa , d'Orb. F^afr. 1838. — Opetiorynchus lan- ceolatus , Gould , Zool. Beagle , birds , pi. 20.
0. Erythrolanius rubricollis , Less. ib. 275. — Lamprotes ru- bricollis, Spix. — Tanagra bonariensis, auct. Spix , Av. Bras, lï, t. 56, fig. 1.
4. Cinniricinclus melasoma, Less. ib. — Sylvia cambayensis, Lath.
5. SynaUaxis Thelotii^ Less. Rev. 1840. — S. œgithaloides , Kittl. 1831.
6. Ampelis Merremii , Less. Rev. 1839. — Phœnicircus nigri- collis, Swains. Classif. H, p. 254. — Ph. atrococcineus , Lafresn,. Rev. 1838. — Spix, Av. Bras. II, t. 5.
7. Micropus leucopterus , Less. Rev. 1840. — Motacilla fuli- cata, L. — Thaumobia fulicata, Terd. Madr. Journ. 1839, p. 163.
^.Garrulax Feliciœ , Less. Rev. m, 164. — Siva strigula, Hodgs. 1837. — Muscicapa variegata, Deless. 1839.
9. Dendrochelidon velatus , Less. Écho du monde savant , 1844, p. 1190. — Hirundo coronata, Tîckel , Journ. of the Asiat. soc. of Bengal, vol. II (1833). Cette espèce continentale, recon- nue comme nouvelle par M. Lesson , et le D. Klecho , de Java , ont été confondues par tous les ornithologistes de l'Inde , et tout récemment par Blyth , 1. c. xii , 942. L'excellente description de M. Lesson en établit la différence.
10. ranellus ru fiv enter . Less. Echod. M. S., 1844, p. 207.— Erythrogonys cinctus, Gould, 1837. Birds of Austr. MI, pi. 17. L'oiseau décrit par M. Lesson n'est pas tout à fait adulte. Le vieux: oïâle a le dessus de la tête noir.
Tome IX. Année 1846. i
W
2 REVUE zooLOGiQUE. {Jauvier i846.)
1 1 . Gallirex Anais , Less. ib. — Corythaix porphyreolopha , Vig. Proceed. 1830.— C. Burchellii, Smith, South Afr. Quart. Journ.N. 5, p. 13 (1831).-- Id. Illustr. Afr. Zool. pi. 35.— Jard. Selb. Illustr. of Ornith. sec. ser. pi. A^.
12. Platycercus cœlestis , Less. ib. p. III. — P. palliceps, Vig. Lear. Illustr. Parr. pi. 19.
13. Pachyrhynchus simplex, Less. ib. p. 231. — P. albifrons, Swains. Menag. p. 289. — Lanius mitratus, Lichtenst. Doubl. p. 50.
14. Passerina ornata , less. ib. — Fringilla pileata, Wied, Beitr. III. — Tachyphonus fringilloides , Swains. Monogr. — Ta- nagra cristatella , Spix.
15. Pycnonotus humer aloides , Less. ib. 233 — Lalage orienta- lis (Gm.), Boje. — Saxicola orientalis, Vieill. Encycl. p. 487. Briss. Orn. descript. opt. — P. Miiller, Verhandel. Timor, p. 190.
16. Pyrrhula leucomelas , Less. ib. 2341. — Spermophila luc- tuosa , Lafresn. Rev. 1843. p. 291 .
17. Nettapus bicolor, Less. ib. 127. — N. albipennis, Gould , Birds of Austr. VI, 16.
18. Malacorhynchus jodotis , Less. ib. — M. membranaceus , Lath!!— Anasfasciata, Shaw. Nat. Misceli. pi. 697.
19. Conirostrum bicolor, Less. ib. 358. — C. sitticolor, fœm. Lafresn. Rev. 1840.
20. Cinnicerthia cinnamomea ^ Less. ib. 358. — Limnornis unicolor, Lafresn. Rev. 1840, p. 1 05.
21. JVeehongia alhiventer^ Less. Echo du m. s. 1845, p. 295. Donacola castaneothorax , Gould, Birds of Austr. VII , pi. 12. — Amadina castan. id. Syn. II , 1837.
22. Saltator sordidus , Less. ib. — Tanagra jugularis , Licht. Doubl. — Saltator atricollis , Vieill. Enc.
23. Estrelda erythroptera , Less. ib. — Pytelia phœnicoptera, Swains. West. Afr. I, p. 203, pi. 16.
24. Conirostrum fuliginosum , Less. Echo ^ 1844.— Scytalo- pus fuscus , Gould, Proc. 1836.
25. Euphone par dalotes., Less. ib. — E. œnea, Sundev. Kong. Vctensk. Acad. Handl. 1834, t. XI, fig. 4, p. 309. —Tanagra cha- lybaea , Mik. Del. Flor. et Faun. Brass. fasc. IV.
26. Sericossypha somptuosa , Less. ib. — Lamproies albicris- tatus. Lafresn. Rev. 1843.
TRAVAUX INI^DirS. 3
27. Aglaja diva , Less. ib. p. 57. — A. Vassorii , LafV. Kev. 1840, p. 4.
28. Tachyphonus elegans , Less. ib. — T. Yictorini , Lafr. Kev. 1842.
29. Dasyornis Abeillei^ Less. ib, 1 1G2. — Psophodescrepitans, Yig. Horsf. Linn. Tr. XV.
30. PhyUanthus capucinus, Less. ib. 1 165. — Crateropus atri- pennis , Sw. West Afr. I , p. 278.
'dl. Malaconotus affinis, Less, ib. 1164. — M. similis , Smitb .. Rep. of an Exped. p. 44.— Id. lllustr. of Afr. Zool. pi. 46.
'è2. Fluvicola leucocephala , Less. ib. 277. — Acanthiza albi- frons , Vig. Horsf. Linii. Tr. XV.— Ephtbianuraalbifrons, Gould. — Cinura torquata , Brehin , Isis , 1844.
33. Dromicus Lessonii , Less Ecke , 1844. — Oreophilus lo- tanirostris, Jard. Selb, lUustr. pi. 151.
34. PHlinopus Emiliœ , Less. ib. 1845, p. 871. — Columba Du Petithouarsii , Neb. Rev. 1840, p. 289. — Ptilinopus leucocepha- lus, J. E. Gray, Birds in the Brit. Mus. III , p. 2.
35. Turdampelis lanioides, Less. Echo du m. s, 1844, p. 156. Quant à ce genre nouveau j'ose affirmer qu'il est identique avec le genre Laniocera du même auteur, proposé dans là Revue zoologique , III, p. 354 , et que ces deux dénominations généri- -ques ne sont que des synonymes du genre Lipangus , Bqje (1828) ou Lathria , Swains (1831) : les espèces de ce genre sont \es suivantes ;
1. L. plumbeus , Licht. Doubl. 53. — Ampelis cineracea , Vieill. — Lathria cinerea , Sw.
2. L. simplex, hicht. 1. c
3. L. fuscocinereus, Lafren. Rev. 1843, p. 29?,
4. L. hypopyrrhus ^ \iei\\e Encycl. p. 762. — Muscicapa sibilatriœ, Wied, Beitr. III, p. 810, desc. opt.
5. L. sanguinarius , Less. 1. c Espèce très-voisine de la précédente , peut-êîre le jeune.
6. L. lanioides 1 Less. 1. c.
J'ajoute la description d'un oiseau de notre collection , que je prends pour le L. hy popy r r hus ^yieiW , , mais qui en diffère d'une manière assez remarquable : L. hypopyrrhus , Vieill.? Supra ci- nereus, alis et caudainagis brunescentibus, rectricum scapis «upra nitide brunneis , sublus albis, apicibus dilute fulvis ; re-
â| REVUE zooLoeiQUE. (Janvicr 1846.)
migum tertiariarum apicibus tectricumque nonnuUarum macii- lis apicalibus fasciam alarem duplicem formantibus, Isete fulvis his nigro circumdatis; snbtus pallidius cinerascens, nonnihil olivascente lavatus , fasciculo plumarum pectoris latera ornan- tium alœque flexura lœte citrino-flavis ; subcaudalibiis plu- misque nonnullis epigastrii ventrisque medii ex aurantiaco- fulvis y macula nigra terminatis ; rostro fusco-nigricante, basi mandibulae pallidiore , pedibus brunnescentibus. Long. 8" 2'".
Le prince de Neuwied nous dit qu'il a trouvé la couleur des plumes à côté de la poitrine, chez quelques individus, jaune ci- tron , chez d'autres d'un orangé brunâtre.
^6. Caprimulgus pruinosus ^ Tschudi , Conspect. 1834, p. 8. — C. exilis, Less.' Rev, 1842, p. 175. — Echo du monde sav. 1844, p. 925, descr. compl.
37. Arremon frontalis ^ Tschudi, 1. c, p. 29. — Embernagra brunneinucha , Lafr. Rev. 1839, p. 97.
dS. Dicœum Leclancheriiy Lafren. Rev. 1845, p. 94.— D. celebicum, Sal. Mûller, Verhand. Tim. p. 162.
39. Hœmatornis chrysorhoides , Lafr. ib. p. 367. — Ixospseu- docaffer, Blyth , Ann. and Mag. XII, p. 100, XIV, p. 47. Strickl. ib. XIII, p. 37. — Muscicapa haemorhousa, Gmel. — Deux autres espèces très-voisines de la précédente habitent l'Inde 1 . H. Caf- fer^ auct. du nord de l'Inde et 2. H. pusillus , Blyth, .Tourn. Asiat. Soc. X, p. 481. Des environs de Calcutta.
40. Trichophorus caniceps , Lafren. ib. — Ixos phœocephalus, m. Rev. zool. 1844, p. ^01. — Pycnonotus rufocaudatus , Eyton , Ann. andMag. XVI,p. 228.
41. Picumnus cinnamomeus, Lafr. Rev. 1845, p. 7.— Pic. cin- namomeus, Lichtenst. Wagl Isis , 1829, p. 646.
42. Picumnus pygmœus , Licht. Lafr. — Pic. ocellatus, Wagl. Isis, 1829, p. 646. descr. opt.
43. Coracias natalensiSy Licht. Verzeich. sudafric Thiere, p. 16 (1842;.— C. caudata, L. éd. XII, I, p. 160.— Galgulus an- golensis, Briss. — Pucheran , Rev. 1845, p. 369.
44. Ixos metallicus , Eyton, Ann. and Mag. XYI , 228. — 1. Atriceps,Temm. Pi. col. 147. -Blyth, Journ. Asiat. Soc. XI, 792.
45. Brachypteryx nigro gularis , Eyton, 1. c — Timalia ery- thronotos, Blyth, 1. c. p. 783 (1842) .— T. nigricollis, Temm. pi. col. 594. »
TRAlVAUX ir^ÉDITS. ^
4G. B. acutirostris , Eyton, Le — Timalia erythroptera , Blyth, 1. c. 794.— T. pyrrhophœa , m. Rev. 1844. p. 402.
47. Malacopteron aureum, Eyton , 1. c. — Pycnonotus cyani- ventris, Blyth , 1. c. 792. à
48. Philentoma castaneum, Eyton , 1. c, — Muscipeta plùmosa, Blyth, l.c. 791, fœm.
49. Treron ienuirostre, Eyton, 1. c. — T. fulvicollis, Wagl. Syst. sp. 8. etc.
50. Ficus rubiginosus , Eyton , 1. c. — Hemicircus rubigino- sus,.Swains. West. Afr. II, 150. Hartl. Rev. zool. 1844, p. 402.
Note sur quelques portions du système veineux des Rœies [Raia bâtis. L. et jRaia clavata. L.) , par M. Ch. Robin.
Tout le sang veineux des Raies et des Squales , avant de se jeter dans l'oreillette, traverse un conduit vasculaire connu sous le nom de sinus de la veine cave ou sinus de Cuvier, qui précède immédiatement l'oreillette.
11 commence brusquement à la face ventrale du diaphragme. Dès son origine il a un centimètre de diamètre dans tous les sens , et se trouve appuyé en dehors contre l'articulation de l'os en ceinture avec le cartilage pharyngien.
Il traverse aussitôt le diaphragme, se recourbe en bas, en avant et en dedans, et s'abouche dans la paroi supérieure de l'oreillette. L'orifice d'abouchement est commun aux deux sinus , et présente deux lèvres qui empêchent le reflux du sang par un mécanisme analogue à celui de la valvule iléo-cœcale. Les deux sinus forment en se réunissant un angle d'environ 45** ouvert en arrière.
Ce sinus ne fait pas suite à la veine cave, mais reçoit le sang de tous les principaux troncs veineux du corps et le porte à l'o- reillette.
Ces troncs sont au nombre de six ; ce sont : 1° la veine cave ; 2" le sinus des veines sus-hépatiques; 3° la veine sous-périto- uéale; 4» la veine jugulaire antérieure; 5° la veine jugulaire postérieure; 6® le vaisseau latéral.
Les orifices d'abouchement de ces trois derniers vaisseaux sont munis chacun d'une valvule mince, mais très-résistante, qui
6 HFVUK ZOOLOGIQUE. (Janvier 1846.)
permet Tentrée du sang dans le sinus de Ciivier^ mais Pempè* che de refluer dans les vaisseaux.
Les trois premiers vaisseaux ne présentent pas de valvule à- leur orifice d'abouchement.
Je donnerai ici quelq(ues détails relatifs à la veine eave et à son réservoir abdominal , et au sinus des veines sus-hépatiques ; les autres vaisseaux ont déjà été décrits dans le journal Vlnsti- ÏMf. (1845).
La veine caudale des Raies se bifurque au moment où elle pénètre dans la cavité abdominale. Chaque branche de bifurca- tion remonte le long de la face postérieure du rein correspon- dant, et s'y distribue à la manière des artères par de nombreux rameaux.
Les veines qui naissent des lobules des reins se réunissent en de petits troncs. Deux de ces troncs , nés des lobules les plus in- férieurs , remontent le long du bord interne de l'organe et se jettent dans l'arcade à convexité postérieure que forment les veines caves entre les'deux reins , immédiatement au devant de la colonne vertébrale. Chacune des deux veines caves qui font suite à cette arcade remonte le long du bord interne du rein près de sa face antérieure ; elles vont ainsi gagner le sinus de Cuvier. Dans ce trajet, elles sont accolées contre la colonne ver- tébrale , et en rapport en dehors avec les nombreux replis du canal déférent chez les mâles, avec l'oviducte chez les femelles. Dans leur trajet le long du bord interne des reins , elles re- çoivent, à l'angle droit, de nombreuses veines reinales peu vo- lumineuses. Ces veines occupent la face antérieure du rein, et passent derrière le canal déférent ou l'oviducte pour arriver à la veine cave. Nous avons vu au contraire que les branches de la veine caudale se distribuaient à la face postérieure du rein. Quelques-unes des branches de la veine caudale communiquent avec la veine cave, de sorte que l'injection poussée par la veine caudale pénètre dans la veine cave , et de là dans son réservoir abdominal. La veine caudale ne reçoit que le sang des muscles de la queue ; car les veines cutanées et celles des nageoires vont dans le vaisseau latéral ; celles des membres inférieurs et des appendices génitaux mâles vont en partie dans la veine sous- péritonéale , en partie dans le vaisseau latéral , par deux gros troncs veineux correspondant à chacune des deux veines précé-
TRAVAUX INKDITS. 7
dentés, et formées par la réunion de branches dont la disposition est très-compliquée. Elles feront le sujet d'une prochaine com- munication.
Les veines que nous avons appelées veines caves avec Monro, ont dans tout leur trajet , le long de la colonne vertébrale , des parois distinctes , même au niveau du réservoir vineux ; seule- ment, dans ce point elles sont plus dilatées que dans le reste de leur trajet et ont une forme triangulaire , ainsi que Monro l'a déjà figuré. Là seulement se voient plusieurs trous qui les font communiquer avec ce réservoir. Mais un peu plus loin , au mo- ment où chacun de ces deux lobes du réservoir s'écarte un peu en dehors pour gagner le sinus des veines sus-hépatiques , les veines caves reprennent des parois plus épaisses qui ne sont plus perforées d'espace on espace. Près de leur abouchement dans le sinus de Cuvier, elles sont appliquées contre la partie supérieure et interne du sinus sus-hépatique correspondant, mais sans com- muniquer avec lui ; car il a aussi ses parois propres très-dis- tinctes.
Le réservoir veineux de l'abdomen des Jtaies représente une vaste ampoule , communiquant avec des deux veines caves au moyen de trois ou quatre orifices de chaque c6té. Ce réservoir présente deux lobes dont chacun correspond à une des veines caves. Celui du côté droit est toujours plus volumineux et sa face antérieure est plus régulièrement arrondie que celui du côté gauche. Une cloison incomplète sépare ces deux lobes l'un de l'autre au devant de la colonne vertébrale , mais les large» trous dont elle est pourvue permettent une facile communication entre les deux parties du réservoir. Une artère assez volumi- neuse traverse le réservoir en suivant cette cloison et va se dis- tribuer à l'extrémité inférieure du testicule et à l'appendice cœ- cal. L'extrémité postérieure de chacun des lobes du réservoir forme un cul-de-sac plus ou moins régulièrement arrondi ; celle du lobe droit descend jusque sur les côtés de l'appendice cœcal; celle du lobe gauche ne descend pas tout à fait jusqu'au niveau de cet appendice. Chacun des lobes du réservoir se prolonge au- dessus de la partie correspondante du foie, en diminuant de vo- lume et en s'arrondissant. Chacun d'eux se termine un peu en arrière du sinus de Cuvier (à 3 centimètres environ), au niveau même de l'artère principale de l'aile. A ce niveau, cette extré-
8 RKVUE zooLOGiQDE. [Janvier 1846.)
mité terminale de chaque lobe du réservoii' se jette dans le si- nus des veines sus-hépatiques par un large orifice. Cette commu- nication a lieu à l'extrémité postérieure et supérieure du sinus sus-hépatique; je l'ai vue manquer chez la Raie blanche {Raia bâtis) la Roussette et VEmissole.
D'après ce qui précède , nous voyons que le réservoir veineux ne se jette pas directement dans le sinus de Cuvier, mais com- munique seulement avec la veine cave par les perforations des parois de cette veine (1).
Les ovaires ou les testicules font, sur le^ côtés du réservoir veineux , partie de ces parois ; de sorte que la partie interne ou base de ces organes est baignée par le sang du réservoir.
Les veines sus-hépatiques se jettent dans une énorme dilata- tion ou sinus us-hépalique , situé entre la base du foie et le diaphragme. Ce sinus sus-hépatique présente deux lobes situés de chaque côté de l'œsophage et communiquant entre eux au devant de cet organe par une portion plus rétrécie. C'est entre cette portion rétrécie du sinus sus-hépatique et l'œsophage , que passe le conduit qui fait communiquer la cavité du péricarde et celle du péritoine. Ce conduit est adhérent à la face antérieure de l'œsophage et se bifurque avant de s'ouvrir dans l'abdomen. Ses parois sont très-minces' et s'affaissent dès qu'un liquide tend à passer du péritoine dans le péricarde. Chacun des lobes laté- raux du sinus sus-hépatique se jette dans le sinus de Cuvier par un orifice qui a à peine deux millimètres de diamètre. Il est situé immédiatement au-dessous de l'orifice de la veine cave. Aucun de ces deux orifices ne présente de valvules. Chacun des o'bes du sinus sus-hépatique reçoit en dehors un énorme tronc veineux venant du lobe correspondant du foie. Le lobe droit reçoit en outre, en bas et en dedans, une veine moins volumi- neuse qui vient du lobe moyen du foie.
Description de plusieurs Animaux mollusques bivalves , soit nouveaux, soit incomplètement connus; pa M. C.-A. Récluz, pharmacien à Vaugirard (Seine). Tous les conchyliologues savent qu'on ne peut arriver à une
(1) J'ai déjà parlé (Journal de l'Instilut . 184S ) de la disposition celluleuse et aréolalrt du réservoir veineux . dans la partie supérieure.
• TRAVAUX INÉDITS. 9
connaissance exacte et complète des mollusques et à une bonne classification de ces animaux , sans l'étude des caractères de ces derniers. Désirant concourir à ce double but, nous avons jugé convenable de publier la description de plusieurs d'entre eux. La connaissance des uns nous a paru incomplète et quelquefois fau- tive, comme on pourra en juger par ce que nous rapportons; celle des autres nous semble tout à fait nouvelle , du moins , nous n'avons pu recueillir , dans les auteurs , aucuns renseigne- ments propres à nous éclairer sur leurs caractères.
N» 1. DONAX VARIEGATA (Nobis).
Tellina varie gâta et Tellina vinacea, Gmelin, (1788) p. 3237 et 3238. Tellina polita, Poli, Test., vol. 2 (1792), t. 21, f. 14, 15. Donax complanata, Montagu , Test. ônï. (1803), t. 5, f. 4, etc.
Animal allongé, comprimé, revêtu d'un manteau très-mince, transparent, délicat, ouvert dans les 5/6 de son contour infé- rieur et bordé d'un muscle marginal , d'un millimètre et demi de hauteur , épaissi , garni tout le long de cirrhes tentacuiaires, depuis le sommet antérieur de ses lobes jusque vers le milieu du côté postérieur où ils s'effacent promplement. Ces cirrhes s'allongent graduellement à mesure qu'ils se rapprochent de la cloison et diminuent de plus en plus au-delà de celle-ci.
Cloison du manteau située à 1/6 du côté postérieur et formée par un faisceau de fibres musculaires, longitudinales, s'épanouis- sant en une sorte de palette oblongue horizontale, arrondie en avant, montrant par transparences les fibres très-fines et rayon- nantes qui décorent le muscle ré tracteur des autres mollus- ques, lorsque le muscle est mince.
A cette cloison sont soudés deux tubes ou siphons très-courts, lisses , un peu charnus , opaques , libres et tronqués ; l'inférieur ou branchial , un peu plus gros , largement perforé, légèrement marqué de quelques angles sur sa moitié postérieure et muni à son orifice externe de huit crénelures arrondies , paraissant comme fendues chacune dans le centre ; le supérieur ou anal, aussi largement perforé, entouré d'un rebord calleux, sur le côté antérieur de la cloison , est pourvu à son orifice externe de 5 à 6 crénelures obsolètes. Ces tubes se logent dans
10 REVUE zooLOGiQDE. {Janvier 1846.)
leur contraction , entre les deux lobes postérieurs et libres du manteau.
Bouche très-petite , punctiforme , bordée de quatre Palpes labiales triangulaires et allongées, plissées transversalement à leur étendue et crénelées sur leur marge antérieure , amin- cies et unies en arrière .
Branchies très-inégales , disposées par paires sur les côtés du corps,soudées par leur extrémité postérieure, allongées, finement plissées en long et à bords simples : ^inférieure très-grande, la supérieure plus étroite et se rétrécissant graduellement en avan- çant sur le côté postérieur.
jPied très-grand , comprimé, oblong-lancéolé , à bords tran- chants. Dans sa contraction il est atténué et pointu en avant , tronqué en arrière , convexe sur son centre inférieur et creusé sur sa marge antéro-supérieure.
L'animal de cette Donace était uniformément d'un jaune très- pâle; aucune trace de rose violâtre ou livide ne se montrait sur le manteau ni ailleurs. Il n'est donc pas facile , au moyen des animaux conservés dans la liqueur alcoolique, de se rendre compte de la cause qui produit les couleurs qui décorent les valves. Le rayon jaune de celles-ci bordé de rose vineux , se trouvant immédiatement sous la cloison des siphons , il est pro- bable que sa couleur est due à cette portion du manteau. Mais on comprendra que nous ne pouvons émettre ici que des con- jectures.
IN** 2. Pandora rostrata (Lamarck).
Poli, Test. utr. Sicil. , p. 40, pi. 15, f. 7, a décrit et figuré l'a- nimal de la Pandora flexuosa^ Sowerby, qu'il nomme Hypogea gibba y msiis en lui donnant pour synonyme, avec raison, le nom de Tellina inœquivalvis , Linné. Sa description a été prise pour caractériser le genre Pandore par M. de Blainville. M. Rang a cru devoir ajouter à la caractéristique du savant zoologiste et nous ferons remarquer avec regret que les additions de ce dernier auteur ne sont pas exactes.
En effet, M. Rang caractérise le genre Pandore ainsi qu'il suit :
« Pandore. Animal ovale , comprimé, assez allongé, ayant le manteau en forme de fourreau , se terminant en arrière par deux tubes réunis à leur base seulement et assez courts , ouvert en
TRAVADX liNEDlTS. 1 I
avant pour le passage du pied , qui est grand , triangulaire , épais et renflé à son extrémité; branchies grandes, libres en arrière où les deux paires sont réunies, et se terminent en pointe dans le siphon; appendices labiaux assez grands, triangulaires et non striés (Rang, Manuel de Vhist. des Mollusques , etc. , p. 3*23). »
Nous avons étudié plusieurs individus de la Pandora rostrata et nous les avons toujours vus plus étroits et presque aussi allon- gés que leur coquille; leur pied n'était pas triangulaire, épais ni renflé en avant , mais 3/4 rond , très-mince en arrière , en dessous et en avant , où il était plus dilaté en hauteur et sub- tronqué. Tous n'avaient qu'une seule branchie sur les côtés du corps et non une paire; enfin les quatres palpes labiales étaient finement striées.
M. Philippi , En. moll. Sicil. , a rapporté la description de Poli , en la circonscrivant aux principaux organes extérieurs; mais il y à introduit , entre parenthèses , quelques observations dont une ne nous paraît pas fondée. C'est ainsi que, après Branchiœ , M. Philippi ajoute : {Inœquales , superior interiore duplo major, angustœ, falcatœ). On ne trouve, dans la descrip- tion de Poli, aucune indication de doubles Branchies, et nos ob- servations sont conformes à celles de ce célèbre zoologiste. Nous avons recherché à plusieurs reprises la branchie intérieure plus petite , mais en vain î Existerait-elle sur l'animal de la Pandora flexuosa , et alors aurait-elle échappé à la sagacité et aux savan- tes recherches du zoologiste napolitain?
Voici la description que nous avons faite de l'animal de la Pandora rostrata, Lamk, recueillie dans la Manche et qui nous a été envoyée, pourvue de sa coquille, dans un flacon d'alcool , par M. Regnault, avocat àSaint-Servan.
Animal très-délicat, allongé, étroit, enveloppé dans un man- teau très-mince , en forme de fourreau , ouvert seulement à sa partie antéro-inférieure pour le passage du pied. Cette ouverture a les bords des lobes teints de fauve pâle et ornés, en dedans, d'un cordon filiforme , placé à un millimètre environ au-dessus de la marge , laquelle est mince et entière. En arrière , le manteau se termine par deux tubes ou siphons très-courts , presque égaux , unis dans tout leur trajet , excepté à leur extré- mité qui est faiblement échancrce , d'un fauve très-pâle sur les
i2 KEVUE zooLOGiQUE. [Janvier 1846.)
adultes, d'un blanc-lacté sur les jeunes. Les orifices de ces tubes sont très-ouverts , entourés de papilles très-courtes , radiées , très-rapprochées et brunes • celles-ci souvent difficiles à voir.
Une seule grande branchie, sur chaque côté du corps, très- allongée, falciforme (étant légèrement cintrée sur ?a marge supérieure) sillonnée profondément et transversalement à son étendue par des cannelures régulièrement distancées et leurs es- paces striés également dans le même sens. Les deux branchies soudées dans toute 1 étendue de leur marge supérieure et à leur extrémité postérieure qui est obtusément arrondie et prolongée dans le tube branchial , ont leur marge inférieure libre et très- finement crénelée. Sur plusieurs individus la soudure posté- rieure des deux branchies s'étend de deux millimètres sur la marge inférieure ; sur d'autres elle s'arrête à leur extrémité.
Bouche très-petite, entourée de quatre palpes labiales trian- gulaires, très-aiguës à la base inférieure , dirigées obliquement en arrière, comme sur la figure 7 de l'ouvrage de Poli, substriées en travers, mais à bords entiers. Du moins , nous n'avons pu , par un fort grossissement, apercevoir de traces de crénelures sur l'un ni l'autre bords.
Fied court, arrondi, très-mince, tranchant sur les côtés, dilaté en hauteur en ^ant où il paraît subtronqué , au moins .sur tous nos cinq individus , et faisant peu de saillie antérieure- ment. La démarcation de la partie inférieure de la supérieure- est indiquée par un léger sillon médian et transversal.
(La suite au prochain numéro.)
Espèces nouvelles de Membracides, par M. Léon Fairmaire. 1^^ Décade.
1. Lycoderes petasus. Fuscus, lœviter punctatus : prothorax triangularis, apice truncatus, posticespina armatus gracili. Ely- tra fusca, plaga média magna hyalina. — Bras. — Long. 0,006.
2. Lycoderes Spinolœ. Fusco ferrugineus ; prothorax punc- tatus , reticulatus, supra caput rotundatus, utrinque in lobum trigonum expansus ; postice compressus ad scutellum emargi- natus. Elytra fusco-brunnea, macula lata triangulari hyalina, — Bras. — Long. 0,009.
3.-Z. Burmeisteri . Nigro piceus : prothorax protensus, fur-
ANALYSES d'oDVRAGES NOUVEAUX. 13
catus, sed cornua conjuncta, basi vix separata : postice elongatus, gracilis, haud inflexus. Elytra brunnea, plaga triangulari hya- lina. — Bras. — Long. 0,006.
4. L. unicolor. Praecedenti simillimus , fuscus : prothorax minus antice protensus , cornua breviora : pars posterior minus gracili sub angulo fere recto elongata. Elytra tota brunnea. — Bras. ~ Long. 0,008.
5. Lycoderes gaffa. Flavo ferrugineus : prothorax elcvatus, cacumine bilobus, lobis erectis, vix divaricatis ; postice falcatus, compressus : elytra hyalina, basi apiceque late flavo-ferruginea. — Minas. — Long. 0,006.
6. Hypsauchenia Guerinii, Fusca, punctata, farinosa, cor- nubus duobus armata ; cornu anticum ferè cylindricum,dentem internum ferens; secundum longius, clavatnm : — Mines. — Long. 0,008.
7. Hypsauchenia clavaria. Rubiginosa ; prothorax bicor- nutus, cornu antico apice bidentato, cornu medio cruciformi, basi tuberculato, antico minore. — Bras. — Long. 0,008.
8. ffyps. spatulaia. Fusca, cornu antico recurvo, intùs den- tato, cacumine spatulato : ad apicem prothoracis posticum fun - giformis, compressus appendix. — Mines. — Long. 0,006.
9. Hyps. mirabilis. Brunnea , dense punctata : prothorax bi- cornutus, cornu antico recurvo, corpore multo longiore, inœ- qualiter compresso; cornu postico laminato, triangulari. — Bras, interiore. — Long. corp. 0,010. Long. corn. ant. 0,018.
1 0. Scaphula semialra. Prothorax rotundatus , apice acutus, niger, nitidus ; caput nigrum : elytra nigra, nitida, apice hya- lina : pedibus anticis flavis, posticis nigris. — Coromandel. — Long. 0,006.
2« Décade.
1. Hoplophora gigantea. Nigra, nigro-pilosa ; carina média, margines latérales, utrinque duae linese rubrosanguineœ : infra humeros macula sanguinea. Elytra nigra, sanguineo nervata. — Bogota. — Long. 0,019.
2. /[. vicina. Cinereo flavescens , punctata , non callosa : pro- thorax flavopilosus, punctatus, aliquot punctis nigris majoribus impressus : carina dorsalis et latera rosea. — Bogota. — Long. 0,014.
3. ff. cribrum. Flavopilosa : prothorax flavescens, densiter
\% REVCE zooLOGiQDE. {J auvicr 1846.)
et acqualiter puiictatus , lubro nigroque varius ; carina média nigra, apice postice rubro. — Colomb. — Long. 0,008.
4. H. variegata. Prothorax flavescens, antice obscurior aut rubescens : dorsiini transversim fortiter nigro callosum ; carina média nitida, brunnea. Elytra parum hyalina, fusco-maculata.
— Colomb. — Long. 0,0 11 .
5. H. corrosa. Tota flava , imniaculata ; prothorax valde ca- rinatus, apice acutus, punctatus, venis elevatis rugosus, inter- ruptis, laevigatis. Elytra flavescentia. — Bogota. — Long. 0,008.
6. H. cinerea. Prœcedenti affînis : tota cinerea : carina média parum elevata^ utrinque tricarinata : prothorax utrinque cornu piano, apice truncato, armatus. Elytra cinerea, apice dilutiora.
— Mexico. — Long 0,010.
7. H. punctum. Parva, pallide flava, punctata, carinata, ru- gosula , elytris ferè hyalinis , puncto nigro minuto ornatis. — Colombie. — Long. 0,006.
8. H. <M6erct*/aia. Flavescens, glabrata, prothorace medio tu- berculato : linea média fusca ; utrinque duse lineae rubrae, ab- breviatae. — Californie. — Long.
9. H. ornata. Prœcedenti simillima : prothorax virescens, cornu compresso, erecto, rotundato, apice rubro, armatus, hu- meris rubris. — Mexico. — Long. 0,010.
dO. H. granadensis. Flavo-cinerea, fortiter punctata, pro- thorax obscuro maculatus, antice cornu compresso, falcato , ro- tundato armatus. — Colombie. — Long. 0,008.
Note sur les migrations des Larves de la Sciarœ ThomŒy espèce de Diptère tipulaire, par M. Guérin Méneville.
Un des faits les plus merveilleux de l'histoire naturelle des Insectes, c'est, sans contredit, l'histoire des migrations des larves d'un Diptère, commun dans toute l'Europe, la Tipula Thomœ de Fabricius, formant le type du genre Sciara de Maigen. Ces pe- tites larves apodes, à peine longues de cinq lignes, n'ayant pas plus d'un tiers de ligne de diamètre , sont d'un blanc vitreux et translucide, composées de 13 anneaux et d'une tête petite et noire. Elles ont été récemment étudiées par M. Berthold, qui a lu à leur sujet un mémoire très-intéressant, dans la séance du 9 septembre 1845 de la Société des Sciences de Gœttingue.
TR4VADX INÉDITS. 15
Dans certaines années et pendant le mois de juillet, on ren- contre danslaNorwégeet le Hanovre, près des forêts, d'immenses traînées composées d'une innombrable quantité de ces petits vers agglomérés par une matière gluante qui leur sert de moyen d'union. Ces associations de larves se présentent comme un étrange animal ayant la forme d'un serpent, comme une corde animée longue de plusieurs pieds et épaisse d'un à deux pouces, consistant en un nombre considérable de petits animaux qui grimpent par milliers les uns sur les autres, qui se meuvent en- semble pour que toute la société marche continuellement en avant, en laissant sur les terrains mous une longue traînée, in- dice de son passage. On a trouvé ces vers tantôt en petites so- ciétés, tantôt en immenses rubans qui ont souvent jusqu'à 40 pieds de longueur, la largeur de la main et l'épaisseur du pouce. Ces rubans ou colonnes ont quelquefois même, suivant Kiihn de Eisenach , à qui on l'a affirmé, jusqu'à 100 pieds de lon- gueur. Ces immenses agglomérations de larves, ressemblant à de gigantesques serpents, ou plutôt à de monstrueuses lima- ces, s'avancent avec la lenteur d'un escargot et dans une di- rection indéterminée. Elles se raccourcissent quelquefois, parce que beaucoup des vers qui les composent rentrent en terre ; si une de ces colonnes rencontre un obstacle, une pierre, par exem- ple, elle le franchit, le tourne, ou bien se divise sur sa longueur en deux bandes qui se réunissent bientôt, après avoir dépassé cet obstacle. Si on enlève une portion prise au milieu de la co- lonne, elle se trouve partagée en deux, mais elle se reforme promptement, parce que la partie postérieure rejoint bientôt celle qui précède. Enfin si on met la partie postérieure de ce ruban animé en contact avec l'antérieure, il forme un anneau qui roule sur lui-même pendant longtemps, quelquefois un jour entier avant qu'il se soit rompu et qu'il puisse continuer d'avancer. On ne rencontre jamais ces vers en troupes par le mauvais temps ; quand on touche ces paquets, ces cordons animés, on éprouve un sentiment de froid répulsif.
Ce phénomène si curieux, si étonnant, de la réunion d'une quantité prodigieuse de petites larves apodes voyageant, avan- çant par un mouvement commun qui résulte du mouvement pro- pre de millions de petits vers, avait frappé depuis longtemps les observateurs du nord de l'Europe. En 1603, Gaspard Schwenck-
H) REVDK zooLOGiouK, {Jauvier 1846.)
feU {Theriotropheûm Silesiœ, p. 511, Leigniz 1603) le signalait en donnant à ces larves le nom (ï Ascarides militares, ou Heer- wurm. Il raconte même que les habitants de la Silésie considé- raient ce phénomène comme le précurseur d'une mauvaise ré- colte, si ces cordons de vers remontaient les montagnes, tandis que s'ils descendaient dans la vallée c'était un signe très-favo- rable. En 1715, Jonas Ramus (Norrigs Beschrivelse, p. 240, Cq- penh. 1 715) en parle encore et dit qu'en Norwège on jetait des vêtements et des ceintures sur le chemin de VOrme-Drag, et qu'on s'attendait à un bonheur certain, quand il franchissait cet obstacle, ou à quelque chose de sinistre quand il le tournait. En 1754 Pontoppjdanus fHist. de la Norwège, Lond. 1754. t.I,p. 41); en 1774, 1781 et 1782 Kûhn de Eisenach (Naturforscher, vol. l, 15 et 18) Oken, dans son Histoire Naturelle génévfi,le vol. 5, 2« part. p. 740 Thon, dans son article Heerwurm de l'Encyclo- pédie de Ersch et Gruber, ont donné de nouveaux détails sur ces singulières associations de larves, et les derniers avaient montré qu'elles donnaient naissance à une mouche que Thon présumait avec raison appartenir au genre Sciara.
Tout récemment ces mêmes animaux ont été observés par M. C. E. Rande, inspecteur royal des forêts de Hanovre à Bir- kenmoor, prés Hefeld ; il ena envoyé, le 21 juillet 1845, un bon nombre à M. Berthold à Gœttingue, qui a pu suivre leurs méta- morphoses et constater que ce sont bien les larves de la Sciara Thomœ, de Maigen(Dipt. d'Eur.) ou Tipula Thomœ de Fabri- cius.
Ces larves, quand elles forment des agglomérations pour voya- ger, sont encore connues actuellement dans le pays sous le nom de Heerwurm qu'elles portaient il y a près de deux siècles et demi. Quoique la Tipulaire qui en provient soit commune dans toute l'Europe, M. Berthold pense qu'il est possible que sa larve ne se réunisse en société, ou plutôt que ces sociétés ne prennent un développement considérable, et ne se mettent en marche, que dans certaines années et par des causes particulières qui nous sont aussi inconnues que celles des émigrations des Lem- mings dans le Nord, des Écureuils et desOurs dans l'Amérique du nord, ou de certains insectes, Criquets, Libellules, Harpales, etc. Ces circonstances ne se présentant pas régulièrement, et ces émi- grations de peu de durée ou peu étendues, n'ayant lieu que dans
TRAVAUX INÉDITS. 17
des localités peut-être éloignées des villes, elles n'ont pu être observées que très-rarement par des hommes instruits ou par des naturalistes, ce qui explique pourquoi les mœurs si singu- lières de ces larves n'ont pas encore été étudiées suffisamment. Une chose que je ne chercherai pas à expliquer, est l'absence complète de la citation de ces observations si curieuses, dans les traités publiés jusqu'à présent sur les Diptères d'Europe.
Je pense que M. Berthold aurait peut-être trouvé la raison des migrations de ces larves de Sciara, s'il avait pu examiner par lui- même les localités où elles ont été observées. Cet examen lui aurait peut-être démontré que ces larves, en grand nombre dans certains cantons, après avoir absorbé toutes les substances nu- tritives contenues dans le terrain, après l'avoir épuisé, étaient obligées d'en sortir pour aller chercher plus loin des endroits favorables à leur existence, ou peut-être seulement à leurs mé- tamorphoses.
Quant à leurs réunions en rubans ou colonnes, composés de myriades d'individus, je crois qu'on peut les expliquer par le besoin que ces larves éprouvent de se protéger mutuellement contre la dessiccation, quand elles sont obligées de sortir de terre. Il est probable que si ces petits vers, nus et mous, restaient iso- lément exposés à l'air pendant l'été, ils périraient ou ne pour- raient pas aller bien loin sans rentrer en terre. Réunis en masses, humectés par la matière gluante qui sert à les agglomérer et qu'ils doivent sécréter à cet effet, ces vers peuvent s'éloigner sans danger des lieux où ils ont vécu. Du reste, la probabilité de l'explication que je hasarde ici est indiquée par Kûhn de Eise- nach (naturforscher), quand il dit que parfois ces colonnes se raccourcissent parce qu'une partie des vers entre dans la terre.
Quoiqu'on sache bien, aujourd'hui, que les Jffeerwurm sont des larves de la Sciara Thomœ^ que ces larves ont la singulière faculté de se réunir en sociétés, de se coller ensemble par my- riades pour voyager ainsi comme de monstrueuses limaces lon- gues quelquefois de plus de 100 pieds, ce sujet intéressant est loin d'être épuisé, et demande encore toute l'attention des zoolo- gistes. Il serait du plus haut intérêt de suivre la marche de ces colonnes, de voir où elles vont, comment les larves se désagrè- gent pour rentrer en terre, d'observer jour par jour les endroits où elles se métamorphosent, pour voir si ces localités sont peu- Tome IX. Année 1846. 2
18 REVDE zooLOGiQDE. [Jmivier 1846.)
plées d'autant de Sciara Thomœ qu'on a vu de ces larves aupa- ravant, de tâcher de saisir le mode, l'époque et le lieu de leur ponte, pour savoir si, l'année suivante, ces lieux donneront naissance à des agglomérations et à des migrations de ces mêmes larves. Enfin il serait du plus haut intérêt de rechercher si ces innombrables vers sont nuisibles aux pays dans lesquels ils pul- lulent, et s'ils n'ont pas quelques ennemis qui limitent leur nombre et, peut-être, déterminent leurs migrations.
II. AIVALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
NoMENCLATOU zooLOGicus , continens nomina systematica gene- rum animalium tam viventium quam fossilium , etc. Auctore L. Agassiz. Fasc. VII et VIII ( Soloduri , 1845. Jentet Gass- man).
L'ouvrage de M. Agassiz constitue bien certainement le plus grand service qu'un savant puisse rendre à ses confrères, et l'on ne saurait trop remercier son auteur, au nom de tous les zoo- logistes , pour avoir consacré son temps et ses veilles à en doter la science. Le service est d'autant plus grand qu'un pareil ou- vrage n'a rien d'attrayant à composer , que ce travail est , au contraire , aride , fastidieux et rebutant , et que sa publication ne peut produire assez pour indemniser des peines et des recher- ches qu'il coûte à celui qui le compose, car il ne peut être acheté que par des savants de profession , dont le nombre ne suffît qu'à peine pour couvrir les frais d'impression d'un pareil livre.
Les deux fascicules que nous annonçons contiennent seule- ment des appendices aux diverses classes dont la nomenclature a paru dans les fascicules précédents. M. Agassiz annonce que malgré son prochain départ pour l'Amérique du Nord , les dernières livraisons du Nomenclator zoologîcus paraîtront sans délai. Je viens , dit-il , d'en remettre le manuscrit à MM. Jent et Gassman. La 9' livraison comprendra les Mollusques et la préface de l'ouvrage ; la 10" les Lépidoptères , les Diptères et les Aptères; la 11« les Coléoptères , et la 12^ le Registre alpha- hétique général^ où les 31 ,000 noms que renferment les registres particuliers sont réunis de manière à faire ressortir les doubles emplois , auxquels on a ajouté en note ceux du règne végétal.
ANALYSES d'oUVRAGES NODVEADX. 19
Nous tiendrons nos confrères au courant de la publication de ces dernières livraisons ; car, nous le répétons , c'est un livre de la plus grande utilité pour tous ceux qui publient des travaux sur la zoologie en général ou sur quelques-unes de ses classes en particulier. (G. M.)
Geogkapby of Pensylvania, etc. Géographie de la Pensylvanie. Par C.B. Irego. Zoologie; par M. le professeur IIaldeman (petit in-8).
L'ouvrage de M. Irego est destiné aux écoles, et ne donne qu'un court aperçu des richesses zoologiques de ce pays, comme on l'a fait en France dans un petit livre intitulé Patria. L'ar- ticle zoologie est traité par M. Haldeman, qui a montré, dans le petit cadre qui lui était imposé, une connaissance parfaite de son sujet. Il cite les animaux les plus intéressants de la Pensylvanie et termine par un petit tableau duquel il résulte que ce pays nourrit à peu près 10,000 espèces (500 vertébrés et 9,500 inver- tébrés).
Arcana ExNTOMOLogica ; ou Illustrations de nouveaux, rares ou intéressants Insectes exotiques, par M. J. 0. Wesïwood. se- crétaire de la Société Entomologique de Londres, etc. (grand in-S" fig. Londres, liv. 1 à 24).
Cette magnifique publication, dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs plusieurs fois, se continue avec activité et contient toujours des matériaux précieux pour tous les entomologistes qui tiennent à rester au courant de cette belle partie de la zoo- logie. M. "Westwood, aussi habile dessinateur qu'entomologiste instruit, donne sur différents genres rares et remarquables, des détails consciencieusement observés et parfaitement dessinés qui donnent un grand prix scientifique à ses observations.
Le second volume de cette belle collection vient d'être terminé avec la 24* livraison. Voici le tableau de ce que contiennent ces deux volumes :
!•' V. (1841 à 1843). Coléoptères. ScaritidesdelaNouv.-Holl.,pl. 21, 22, 23. — Goliathides et Cetonides de l'Est de l'Afr. pi. I, 29, 30, 33, 34, 35, 36. -Goliathides et Cetonides d'Afrique, pi. 19, 42, 43, 44, 45, 46. — Cetonides de Madagascar, pi. 32. — Cetonides
*iO REVUE ZOOLOGIQUE, (JanvicT 1846.)
de PAsie et de la Nouv.-Holl. pi. 28. — Helopides de la Nour.- Holl. pi. 12. — Longicornes des îles Philippines, pi. 15. — Hy- pocephalus, pi. 10.
Hyménoptères, Tenthredines de la Nouv.-Holl. pi. 7. — Révi- sion des Dorylites, pi. 20.
Orthoptères, Systella, N. G. de Locustides, pi. 4. Révision du G. Mastax, pi. 2G. N. G.Bactrophora et Opsomala, pi. 17. — Ré- vision du G. Deroplatys, pi. 9. — Toxodera tenuipes, pi. 41. Phasma gibbosa, pi. 8.
Hémiptères hétéroptères. Revis, du G. Phyllomorpha, pi. 2.
Hémiptères homoptères. Nouv. G. de Cicadide, pi. 24. — Nouv. esp. de Cigales, pi. 25. — Révision du G. Monophleba, pi. 6.
Lépidoptères. Papillons asiatiques, pi. 3, 11, 16, 27, 31. — Papillons d'Afrique, pi. 37, 38, 39, 40, 47, 48. — Papillons du Mexique et d'Amérique, pi. 18. — Epicopeia, pi. 5.
Diptères. Révision de la fam. des Mydatides, pi. 13, 44.
2' vol. (1843 à 1845). Coléoptères. Monogr. de la fam.