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University of Ottawa

Iittp://www.arcliive.org/details/journaldemdeci06pari

JOURXAL

BS

MEDECINE ET DE CHIPtURGIE

PSAT10U-2.5

A LrSlGE DES li£DECX<IS PEJkTICIOS

TIMIE SIXIEME-

DiPRDIlRlE DE DECOrRCB13>T,

JOURNAL

DE

MÉDECINE ET DE CHIRURGIE

PRATIQUES,

A L'USAGE DES MÉDECINS PRATICIENS.

INTRODUCTION.

En créant le Journal de Médecine et de Chirurgie pratiques , nous nous sommes proposé d'offrir aux médecins praticiens un recueil qui leur fût entièrement destiné , et qui leur pré- sentât chaque mois, dans un petit nombre de pages, l'ana- lyse raisonnée de toutes les publications concernant l'art de guérir. Notre but était de mettre ainsi sous les yeux de tous le mouvement de la science et surtout de la thérapeutique, et de ne rien laisser ignorer des efforts qui sont faits chaque jour pour le perfectionnement de notre art.

L'accueil flatteur faitàce Journal par la classe nombreuse des médecins pourlesquels nous écrivons, l'empressement souteim qu'ils ont mis à encourager notre entreprise, et l'im- mense succès que nous avons obtenu, ont assez prouvé qu'a- vant sa publication un ouvrage de ce genre manquait à la science, et qu'aucun des nombreux recueils qui existaient alors ne s'adressait aux praticiens éloignés du centre de l'in- struction; mais nous n'avons pas tardé à nous apercevoir que la presse seule ne donnait pas une idée exacte de l'état de la science; que la plupart des médecins placés à la tète de nos grands hôpitaux, ceux surtout qui s'occupent de quelques spécialités de l'art de guérir, ne publiaient point lo résultat de leur pratique, ou que si quelques parties nous eu étaient dévoiléespar les élèves attachés à leur service , ce n'était qu'à dcsintervallLîS éloignéi et d'une minière Lout-à-fait incom- plète. Nous avons donc senti la nécessité do suivre nous- même chaque hôpital successivement, et d'y recueillir un assez grand nombre de faits pour que de leur exposition mé-

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thodique résultât la conna issance exacte des doctrines du mé- decin ou du chirurgien sur les principales maladies qu'on ren- contre habituellement dans son service. C'est ainsi que, sans négliger l'analyse de toutes les publications nouvelles, nous avons passé en revue d'abord les salles de MM. Roux et Boyer, à la Charité, Dupuylren, à l'Hôtel-Dieu, Lisfranc, à la Pitié. Et nous ne nous sommes pas borné à extraire au hasard de la clinique de ces habiles chirurgiens quelques faits isolés, quelquesobservations curieuses, telsqu'onen rencon- tre si souvent sur ces vastes théâtres : nous avons cherché à établir, par une suite d'exemples, les opinions de ces pro- fesseurs sur tel ou tel sujet; à rapporter leurs préceptes; en un mot , à exposer leur pratique , afin que nos lecteurs , ren- contrant des cas semblables, puissent mettre à profil leur expériences, couuiie s'ils avaient assisté eux-mêmes à leurs leçons cliniques.

On conçoit quel intérêt doit se rattacher à une collection qui, avant peu d'années, contiendra l'exposé exact des opi- nions des principaux médecins et chirurgiens de Paris sur la plupart des pointsde l'art de guérir auxquels ils se seront attachés plus spécialement. Jusqu'à ce jour, aucun autre ouvrage que le nôtre n'a envisagé la science sous ce rapport.

C'est en suivant cette méthode que nous avens exposé la pratique de M. Cullerier, chirurgien en chef de l'hôpital des Vénérien'^. INos lecteurs connaissent maintenant la manière toute philosophique dont ce médecin considère et traite la syphilis en général, et ils ont s'étonner, avec juste raison, que depuis huit ans des changemens d'une si haute impor- tance eussent été apportés à la thérapeutique dans un grand hôpital, et par un praticien si justement célèbre dans le trai- tement de celte spécialité, sans que les recueils périodiques chargés d'enregistrer le mouvement de la science aient in- struit le public de ces efforts et de leur résultat. C'est en nous appuyant sur une masse de faits olïerls par l'examen conti- nuel de deux cents malades, que nous avons exposé la thé- rapeutique des symptômes syphilitiques primitifs, ce sera encore par des observations scrupuleusement recueillies daii> les mêmes salles (|ue nous ferons connaître cette année la pratique de ce chirurgien dans les affections dites consé- cutives.

La revue de cet hôpital sera suivie de celle des salles de M. Ilostan ;i l'hospice clinique de la Faculté. INous cherche- rons également , par l'exposé méthodique de nombreuses observations, à faire connaître à nos confrères la pratique

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de ce professeur, dont les leçons attirent un si grand con- cours d'élèves.

Nous achèverons en outre de publier quelques-unes des lerons de M. Lisfianc surdivers points de chirurgie qui n'ont pu trouver place dans le volume précédent, et nous termi- nerons chaque cahier par quelques articles dans lesquels on passera successivement en revue tous les cas de médecine légale qui peuvent se présenter à l'observation des praticiens. M. Alphonse Devergie, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, si honorablement connu par ses travaux eu médecine légale, a bien voulu se charger de ce travail, qu'il publiera sous forme de lettres, afin que le sujet soit traité plus simplement, et que la lecture en devienne plus facile.

Tel est le plan que nous avons suivi jusqu'à ce joui-, et celui que nous adoptons encore pour l'année i855. Le suc- cès flatteur dont ou a accueilli notre publication nous a per- mis d'ajouter l'an dernier une feuille d'impression à chaque numéro, c'est-à-dire d'augmenter le Journal d'un tiers sans rien changer au prix fixé dès le principe. Le nombre de nos souscripteurs s'étant encore accru depuis ces nouvelles dispositions, nous continuerons de donner à notre recueil la même étendue, pour ne rien négliger de ce qui peut être utile aux praticiens.

ART. 965.

Considérations sur C emploi d'une pâte destinée à détruire les tu- meurs cancéreuses. Effets du sublimé en poudre dans les mêmes circonstances.

M. le docteur Cancoin a annoncé à l'Académie que, depuis dix ans, il employait avec succès, contre les cancers, une pâte phagédénique avec laquelle il détruisait les tissus, en mo- difiant son action au point d'atteindre exactement à la pro- fondeur qu'il désirait. Cette pâte, pi'éférable, suivant ce mé- decin, à tous les autres caustiques, est distinguée par troi? numéros, suivant le degré d'activité qu'on veut obtenir, et est ainsi composée :

Pâte n" 1 .

Pr. Farine, deux parties ;

Chlorure de zinc, une partie.

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Pâte 2.

Pr. Farine, trois parties;

Chlorure de zinc, une partie.

Pâte n' 5.

Pr. Farine, quatre parties;

Chlorure de zinc, une partie.

On forme de ce mélanpe une pâte en y ajoutant la plus petite quantité d'eau possible, et on en étend sur la partie malade une couche plus ou moins épaisse, suivant la pro- fondeur A laquelle on veut pénétrer. Mais pour donner à cette pâte la consistance d'une cire molle, il est nécessaire d'ajouter une certaine quantité de beurre d'antimoine.

Réfleocions. On sait que de tous les caustiques employés pour détruire les tumeurs cancéreuses, la pâte arsenicale est presque le seul auquel les praticiens aient encore re- cours, ujalgré les dangers reconnus de son application. La pâte phagédénique annoncée a donc dfi paraître ime décou- verte précieuse à l'Académie, qui a nommé, pour l'exami- ner, une commission composée de MM. Amussat, Sanson et Lisfranc^ TSous reviendrons sur ce sujet lors du rapport qui en sera fait par ces chirurgiens; mais nous devons ajou- ter, en attendant leurs concluMOtis, qu'à la séance suivante, M.Velpeau, qui avait d'abord parlé eu faveur de M.Caucoinet de sa découverte, s'est vivement élevé contre la conduite de ce médecin qui, comprouietlant la dignité de sa profession, se fait annoncer dans les journaux politiques, distribue des prospectus, etc. Il a fait observer, en outre, que la commu- nicalion laite à l'Acadéniie était tout-à-fait incomplète; que la pâle, telle que la formule en a été indiquée, n'a pas d'ac- tion sur la peau, si on n'a le soin d'enlever sou épidémie; enfin, que l'hydrochloralc de zinc jouit, contrairement à l'o- pinion émise j)ar M. Cancuin, de propriétés semblables à celb-s du chlorure. Plusieurs échantillons de ces diverses pâles, préparées par M. Velpeau, ont été uiontrés à l'Acadé- mie. Voici la formule dont ce médecin s'est servi :

Pâle de chlorure de zinc,

Pr. Chlorure de zinc, cent parties; Farine, cinquante parties.

(7) Pâte d' hydrochlorate de zinc.

Pr. Hydrochlorate de zinc, cent cinquante parties j Farine, cinquante parties.

Il faut ajouter, dans la préparation de ces deux pâtes, la plus petite quantité d'eau possible, pour les rendre molles et (luctilos. Leur action est à peu près la même; mais la der- nière ^era toujours préférée, puisque l'hydrochlorate de zinc est inflninaeiit moins cher que le chlorure.

Quelles que soient les conclusions de la commission qui va se livrer à des expériences sur la pâte de M, Cancoin, nous devons rappeler que M. le docteur Ordinaire, médecin à Saiut-Laurent-les-Mâcon, nous a adressé, l'an dernier, quel- ques observations sur l'emploi d'un autre caustique dans des cas semblables, observations qui ont été insérées à notre ar- ticle 847. Nous voulons parler de la poudre de sublimé, qui aurait, suivant ce médecin, la propriété de ronger, de dé- truire les tissus sans qu'il survienne par l'absorption aucun trouble dans l'économie. Ce moyen, suivant notre corres- pondant, peut être employé sans aucune espèce de danger par les uialades, dans les cancers ulcérés de diverses parties du corps, et de l'intérieur même de la bouche, et nous dou- tons que la pilte de M. Cancoin soit d'une application plus facile. Plusieurs médecins, ayant lu l'article que nous venons de citer, ont répété ces expériences, et s'en sont parfaitement bien trouvés. heBulletinyiiédical de Bordeaux a annoncé qu'un chirurgien de cette ville avait employé le sublimé dans un cas de cancer, d'après la méthode indiquée par M. Ordinaire, et avait également réussi. A l'hôpital des Vénériens, M, Cul- lerier en a fait usage chez trois sujets, et, nous devons Je dire à l'avance, dans les conditions les plus défavorables. L'un de ces malades était un jeune homme entré à l'hôpital avec deux bubons ulcérés, contre lesquels, pendant cinq mois, on a employé tous les moyens imaginables. Le bubon du côté gauche présentait un trajet flsluleux qui conduisait au pubis évidemment carié. L'autre offrait un ulcère de la largeur de la paume de la main, couvert de bourgeons de mauvaise nature, saignans, de couleur blafarde, et résistant à tous les moyens de cicatri:>alion. Trois ou quatre grains de subliiné en poudre furent répandus sur un point seulement de l'ulcère. Le lendemain une escarre de la largeur d'une pièce de quarante sous s'était formée. La plaie fut recouverte

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d'un cataplasme émoUient, et au bout de quelques jours l'es- carre étant tombée, laissa voir une surface rouge, vermeille, qui bientôt se recouvrit de bourgeons charnus de bonne na- ture. Encouragé par cette amélioration, M. Cullerier ré- pandit de la poudre sur le reste de l'ulcère. Il n'en résulta d'autre eflet qu'une douleur locale assez vive, et à la chute de l'escarre, la plaie se cicatrisa.

Un jeune homme, couché à quelques lits plus loin, portait à la cuisse gauche un ulcère de la largeur des deux mains réunies. Quelques grains de sublimé furent répandus sur un coin de cette vaste plaie. La surface, ainsi cautérisée, pré- senta un meilleur aspect après la chute de l'escarre ; mais il était évident qu'un exutoire de ce genre, qui datait de plu- sieurs années, et qui avait amené le malade à un état d'éma- ciation telle qu'il ne restait plus d'espoir de guérison, ne pouvait être cicatrisé par l'emploi de ce moyen. Cette cau- térisation ne fut pas répétée.

Dans la salle voisine est encore couché un homme d'une quarantaine d'années, dont le corps est couvert de cicatrices et d'ulcères résultant du développement de tubercules plu- tôt scrofuleux que syphilitiques. L'un de ces ulcères, situé au coude gauche, a été cautérisé à plusieurs reprises avec le sublimé, et bien qu'il soit appuyé sur un noyau d'engorge- ment qui le mette ainsi dans les circonstances les plus défa- vorables, on en a obtenu la cicatrisation presque complète. Ln autre ulcère, situé à la cuisse du même côté, traité de la même manière, touche également à la guérison. Les autres points ulcérés qui sont disséminés sur le corps, et qu'on a combattus avec les moyens généralement usités, n'ont fait aucun progrès vers la cicatrisation.

M. Cullerier se borne à répandre le sublimé en poudre sur l'ulcère, dans u\^c quantité de six à dix grains, et à recouvrir le tout avec une compresse, en faisant garder le repos. La douleur produite est assez vive, et se prolonge or- dinaireme.it pendant toute la journée. Le lendemain on re- couvre avec un cataplasme émollienl l'escarre, qui ne tarde pas ù tomber.

Ces diverses expériences, jointes à celles qui ont été pu- bliées à notre art. 817, nous permettent donc d'espérer que le sublimé en poudre peut remplacer toutes les pâles phagé- déniques, dont la eompositioa reste toujours plus ou moins secrète, et que tous les praticiens ne peuvent pas d'ailleurs se procurer.

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ART. 966.

Du. coryza chronique et de l'ozène non vénérien ( analyse ).

M. le docteur Cazenaye a publié sous ce titre une bro- chure dans laquelle il propose une nouvelle méthode de traiter le coryza chronique, appuyant sa théorie d'un grand nombre d'observations dans lesquelles elle lui a réussi. Déjà, à notre article 409, nous avons parlé des succès obtenus par ce médecin , et des divers cas dans lesquels sa méthode était applicable : nous allons revenir sur ce sujet , qui offre une grande importance pour la pratique.

M. Cazenave, étudiant les divers cas de coryza chronique qni se présentaient à son observation , remarqua d'abord que tous les accidens étaient dus à l'épaississement de la membrane pituitaire, et par suite à l'obstacle mécanique que cette membrane apportait à la sortie du mucus. Il re- connut en outre que les malades rapportaient toujours leur gêne, le sentiment de pesanteur et leur enchifrènement, à la racine du nez, à la criblure ethmoïdale, et à une portion du reste de la paroi supérieure des fosses nasales; que dans ce point, la muqueuse était presque toujours épaissie; que chez quelques-uns même les narines étaient complètement obs- truées. Il espéra donc par la cautérisation pouvoir ramener cette muqueuse à son état normal, et à cet effet il choisit le nitrate d'argent, dont l'action favorable avait déjà été re- connue dans les affections coueuneuses du pharynx, des fosses nasales, etc.

Cette cautérisation ne doit d'abord être pratiquée, suivant l'auteur de cette brochure, que sur ce point, qui, dans un très-grand nombre de cas, est l'unique siège du mal. Si plus tard on voit que l'odeur infecte ne s'amende pas ou ne change pas de nature, on promène le nitrate d'argent dans toutes les directions l'on peut faire pénétrer le porte-caustique. L'opérateur doit avoir soin d'humecter par des fumigations émollientes les fosses nasales quand elles sont trop sèches, ou d'absterger la trop grande quantité de mucosités qui peu- vent les tapisser, et lorsqu'il ne peut parvenir sur tous les points malades, il doit recourir à la solution plus ou moins concentrée de nitrate d'argent, en la portant sur les parties avec un pinceau, ou en l'injectant avec une seringue. Cette

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solution doit être composée de quatre grains de nitrate d'ar- gent sur une once de véhicule ; on augmente successivement la dose du caustique jusqu'à un demi-gros.

La niélhode que nous venons d'exposer est appuyée sur une trentaine d'observations consignées dans ce Mémoire, et ces faits sont assez nombreux sans doute pour mériter de fixer l'attention des praticiens. TNous allons en rapporter quelques-uns choisis dans les différens degrés du coryza.

On rencontre fréquemment dans le monde des individus qui sont habituellement enchifrenés, dont la voix est /iasonnre, et qui ne peuvent ni parler ni lire haut sans se fatiguer beau- coup. Telle était la position d'un avocat qui, ne pouvant travailler auprès du feu sans s'endormir, s'habitua à prendre du tabac pour se tenir éveillé. Ce moyen lui réussit assez bien dans les premiers temps, mais au bout de deux mois ses narines se desséchèrent et se bouchèrent graduellement. Les choses en arrivèrent au point que ce jeune homme ne pouvait presque plus se livrer au travail du cabinet sans éprouver bientôt de l'embarras et de la douleur à la racine du nez, suivis d'une céphalalgie frontale. Lorsqu'il plaidait, sa voix était en outre fortement nasonnèe. Les moyens ordi- naires ayant été inutilement employés, M. Cazenave fit cesser l'usage du tabac, et cautérisa la membrane pituitaire tous les trois jours, pendant un mois. Au bout de ce temps, le malade était entièrement débarrassé de ces incommodi- tés (i).

(i) Parmi les nombreuses observations rapportées par M. Cazenave, celle-là nous a paru remarquable, noo tant par le succès obtenu à l'aide de la cautérisatiiin. «{tie par la cause qui a déterminé et entretenu le coryza cbronique. Il est beaucoup de personnes, en ellel, qui croient se débarrasser d'un encliirrénement habituel p;ir l'eujploi de la pou- dre de tabac ; les secousses d'éternuement et l'abondante sécrétion que cette jioudre déleruiine d'abord peuvent bien apporter quelque soulagement dans le principe de son administration; mais la muqueuse nasale, continuell<:ment irritée, iinit |)ar s'épaissir, oblitérer les con- duits qui donnent passa^^e à l'air, et produire enGn tous les accidens du coryia cbronique. 1^'observation suivante viendra à l'appui de ce que nous avançons; elle a été publiée dans le re(;ueil de la Société royale de médecine de Marseille, par M. Serène, doeteurcn médecine a Toulon.

Une fenimi- de soixante-deux ans consulta ce médecin dans le cou- rant de novembre 1827. Klle se plaifçnait d'éprouver, depuis le com- mencement de l'élc pasiié, tous lis accidens du coryza. La malade était obligée de tenir constamment la boucLc ouverte, car l'air ne pou-

(«0

On n'aura sans doute occasion de cautériser la muqueuse nasale que dans un bien petit nombre de cas, pour cause de rhinite chronique simple; un traitement anliphlogistique et révulsif bien entendu devant suffire presque constamment pour amener la p;uérison; mais ce moyen sera précieux lors- que le coryza chronique est porté au point de produire des accidens graves, qui résistent le plus souvent à tous les moyens de l'art. C'est ainsi que M. Cazenave a guéri par la cautérisation un homme âgé de cinquante-quatre ans, qui, depuis quatorze ans, portait un coryza chronique avec odeur di: punais. L'exploration avec le crochet mousse fit seulement reconnaître un gonflement de la muqueuse qui obstruait presque entièrement le passage de l'air. « Dans ce cas, dit l'auteur du Mémoire que nous analysons, je commen- çai les cautérisations sur l'une et l'autre narines à l'origine de la membrane de Schneider, que j'usai peu à pevi : au fur et à mesure que les escarres tombaient, et que j'avançais, le diamètre des narines augmentait; le malade respirait plus lacilement, et l'odeur de panais s'amendait un peu en chan- geant de nature. Quand je fus arrivé à la racine du nez , la

vait passer dans le canal aérien par les narines et les fosses nasales: il en résultait un état de sécheresse fort incommode dans la bouche, et une assez vive céphalalgie frontale. Dans le principe de cette maladie, elle s'était mise à prendre du tabac pour se désobstruer les narines, et était parvenue graduellement à en consommer une très-fjrande quan- tité chaque jour; mais loin de respirer plus librement, elle vovait, au contraire, son état empirer. La muqueuse nasale était effectivement boursoudlée, d'un rouge très-vif, et très-sensible à la moindre pression. Le rétrécissement des narines était tel, qu'elles eussent à j)eine permis l'introduction d'une sonde de calibre ordinaire, M. Serène commença par prescrire la cessation absolue de l'usage du tabac, et l'applicatio'n de quatre sangsues à l'ouverture de chaque narine. Des injections fu- rent pratiquées avec la décoction de racine de guimauve, et on plaida un vesicatoire à la nuque. La guérison définitive eut lieu dans dix jours.

M. Serène se demande avec raison si l'usage du tabac dans le co- ryza chronique ne peut pas favoriser le développement de certains po- lypes, «;n enticlenant une irritation [)ermanente de la muqueuse na- sale. Il est probable que l'application d'une poudre irritante sur la muqueuse déjà enflammée a , dans un certain nombre de cas, donné naissance à des polypes; mais ce que l'on peut afïîrmcr, c'est que les observations de coryzas chroniques entretenus piir son usage sont si In quentes, qu'il suffit d'indiquer cette cause aux praticiens pour qu'ils en trouvent autour d'eux une Ibule d'exemple».

( !Voie du rédact. )

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mauvaise odeur disparut, comme par enchantement, en cinq cautérisations. Le malade se moucha beaucoup, respira lar- gement par le nez, et lut complètement guéri après uu mois et demi de traitement. »

Un pareil succès a été obtenu chez un homme do quarante- cinq ans, qui offrait depuis trois années une odeur do punais si repoussante, qu'il nepouvaitplus avoir de rapports avecqui que ce fût. Lnpelitcrochetmousse, promenésurlesparois de la cloison et sur la voûte des fosses nasales, demeura accroché à l'un des bords d'ime ulcération. On recourut inutilement à tous les moyens usités en pareil cas ; six cautérisations faites sur l'ozène, en mettant trois jours d'intervalle pour chacune d'elles, suffirent pour faire presque disparaître l'odeur et faire changer le mucus d'aspect et de consistance. Quatre cautérisations ultérieures, faites sur toute la circonférence de la narine droite, firent enfin complètement cesser l'odeur, qui n'a jamais reparu depuis.

Ce moyen a encore été suivi de succès dans plusieurs au- tres cas de coryza chronique avec ozène, odeur de punais, et même caried'une portion duvomer.Les bornes de cet ar- ticle ne nous permettent pas d'analyser ces faits intéressans; mais nous ne pouvons passer sous silence le suivant, qui offrira plus d'une considération pratique importante.

Un jeune homme contracta en 1822, à Paris, deux chan- cres sur le gland et un bubon; il prit la liqueur de Van- Swieten et les sudorifiques, et guérit assez rapidement; mais bientôt ne se croyant pas débarrassé, quoique rien ne décelât la présence du virus syphilitique, il se confia à des charlatans qui lui administrèrent successivement toutes les préparations mercurielles connues ou secrètes.

L'année suivante , ce jeune homme ayant été faire vn voyage dans le (nidi, se persuada de nouveau que le vii'us vénérien n'était pas entièrement éliminé de ses humeurs, et il trouva des médecins qui lui donnèrent encore des prépa- rations mercurielles, les préparations d'or du docteur (]hres- tien et quelques remèdes secrets. Des Iraitemcns si multi- pliés n'avaient cependant pas altéré sa santé, lorsqu'à la fin de 1829 > •^**- j*^"nc homme eut des relations avec une femme suspecte ; quelques jours après, il lui survint des boutons sur le corps, et ce malheureux s'imagina aussitôt qu'il avait ime .syphilis conslilutionnelle que rien ne pourrait guérir. Des médecins l'ayant cru sur parole , recommencèrent l'ad- ministration variée des préparations mercurielles.

Sous l'influence de ces traitemens, répétés avec une opi-

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niâtreté si déplorable, survinrent enfin d'affreux accidens: un coryza chronique lui enleva l'odorat et le goût. Des ma- tières purulentes, sanieuses et infectes s'écoulèrent jour et nuit des narines ; des fragmens d'os cariés tombèrent, et l'o- deur de punais fut portée à son comble. De nouveaux méde- cins, consultés alors, ordonnèrent encore des médicamens syphilitiques, et enfin, en dernier lieu, le rob de Laffecteur fut administré sans plus de succès.

Nous dirons, pour abréger cette intéressante observation, que M. Cazenave, consulté à cette époque, supprima tout traitement mercuriel, et fit l'application de sa méthode par la cautérisation. Il obtint une amélioration considérable, et ce jeune homme le quitta presque guéri de cette grave af- fection ; mais il ne tarda pas à retomber dans l'état il était avant son traitement. S'étant enfin rendu à Paris, il fut guéri par des moyens inconnus à M. Cazenave, mais sa^ns avoir pris de nouvelles préparations mercurielles (i).

Nous regrettons de ne pouvoir rapporter les sages ré- flexions de l'auteur sur la nature de cette maladie et les nombreux traitemens qu'on s'est obstiné à prescrire.

(i) Nous appelons l'attention de nos lecteurs sur un fait aussi curieux qu'instructif. Il démontre qu'à Paris, comme dans le midi de la France, on rencontre encore des médecins qui, sur le plus léger indice et même sans qu'aucun symptôme vienne justifier leur détermination (puisque dans le cas cité, rien, absolument rien, suivant M. Cazenave, n'annon- çait la présence d'un virus vénérien), il en est, disons-nous, qui soumet- tent leurs malades à l'administration répétée des mercuriaux sous toutes les formes. jNous publierons dans le courant de cette année plus d'un exemple de ce genre, mais il en sera peu sans doute dans les- quels on aura fait un si prodigieux abus du mercure. Quelle constitu- tion aurait pu résister à une médication si incendiaire? C'est adminis- trer en aveuLîIe un remède puissant, et que quelques médecins de nos jours veulent rejeter de la pratique, uniquement parce qu'on en abuse de la plus étrange manière.

Les désordres produits par l'adrainislration des mercuriaux ne sont pas encore tellement bien spécifiés qu'on puisse dans tous les cas les distinguer de ceux produits par la vérole ; mais il est hors de doute que les exosloses, la carie, certaines ulcérations graves de la gorge et du nez, sont dans un grand nombre de cas les elFcts du remède et non de la maladie, et cette proposition, qui pourra choquer les opinions de quelques-uns de nos confrères, sera résolue, comme toutes les questions controversées, par des faits dont ils apprécieront la valeur. Nous croyons donc pouvoir attribuer à la prodigieuse quantité de mercure consommée par le jeune homme dont on vient de lire l'histoire les ac- cidens déplorables qui se sont manifestés.

(iV. du H.)

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La brochure de M. Gazenave,s'adressant directement aux praticiens, sera lue avec d'autant plus d'intérêt que les faits qu'elle contient sont classés avec ordre et exposés avec clarté : c'est à l'expérience à démontrer si la méthode ((ni nous est proposée aura autant de succès dans nos mains qu'elle pa- raît CQ ayoir eu dans celles de son inventeur.

ART. 967.

Considérations sur l'empoisonnement de sept chevaux par l'arséniate de potasse.

Le dernier numéro des Annales d'hygiène contient un Mé- moire lu à l'Académie royale de médecine, par M. Bonley jeune, vétérinaire à Paris, sur un empoisonnement de plu- siem-s chevaux par l'arséniate de potasse. Cet empoisonne- ment a donné lieu à plusieurs considérations pratiques im- portantes.

IJnroulier, chargé de transporter au domicile d'un négo- ciant quatre paquets de marchandise*enveloppées de papier gris, et pesant vingt-cinq kilogramiijes cliacun, les déposa le soir dans son écurie. Trois furent placés ;'i terre, mais le quatrième, qui était percé dans son fond, lui déposé sur un tonneau non fermé, et rempli d'avoine. Le lendemain malin ces quatre sacs furent enlevés et placés dans une charrette, avei; trente pains de sucre destinés à un épicier.

Cependant on distribua comme à l'ordinaire, ;\ sept che- vaux qui étaient dans l'écurie, l'avoine contenue dans le ton- neau. On re .larqua qu'ils mangeaient avec moins d'avidité que de coutume, quoiqu'ils achevassent tous dans la journée la quantité qui leur ètail destinée. L'un de ces chevaux, qui était parti pour Versailles, tomba subitement sur la roule, entre onze heures et minuit. Son conducteur s'empressa de lui porter des secours, mais il mourut presque immédia- tement.

Les six autres chevaux rentrèrent de l'ouvrage sur les sept heures. On leur donna à manger du son et du foin ; mais, à minuit, ils furent pris de diarrhée et ilc violentes coliques. Un maréchal, appelé sur-le-cliainp, examina l'a- voine, et remartjua qu'elle contenait de petites pierres blan- ches. Il eu goûta une avec précaution, et ayant reconnu qu'elle était fort amère, il déclara, à tout hasard, que les chevaux étaient empoisonnés.

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Le grainetier qui avait fourni l'avoine assura que la mar- chandise qu'il avait livrée ne contenait rien qui pût être nui- sible aux animaux; il goûta, même sans précaution, une de ces prétendues pierres, qui lui causa d'assez violentes co- liques.

Enfin, M. Bouiey ayant été appelé, reconnut que la sub- stance mêlée à l'avoine était de l'arséniate de potasse. Tous les chevaux étant déjà ou morts ou près de succomber, le tritoxide de fer hydrate fut administré à trois d'entre eux, qui restaient encore vivans (i), à la dose d'un litre environ. Le premier mourut six heures après avoir pris cet antidote, le second ne succomba qu'au bout de trente-sept heures, et enfin le dernier vécut jusqu'au huitième jour.

Réflexions. Nous avons dit à notre article gSS que cet in- succès n'infirmait aucunement les résultats obtenus par plu- sieurs médecins dans l'empoisonnement par les préparations arsenicales, i" parce que l'antidote a été administré à une époque le poison derait être absorbé, et porté dans le torrent de la circulation ; parce que la dose employée n'é- tait pas assez forte pour la quantité du poison. Ce ne fut en effet que le lendemain de l'ingestion de la substance véné- neuse, et lorsque les animaux qui avaient survécu se trou- vaient dans l'état le plus déplorable, qu'on administra le tritoxide de fer, et il est permis de croire que la prolongation de la vie de celui qui offrait encore quelques chances de gué- rison a été due à son action, qui n'a pas pu s'étendre d'ail- leurs aux portions du poison qui n'étaient plus dans l'es- tomac.

L autopsie qui fut faite de ces sept animaux offrit aussi quelques particularités importantes pour la pratique. On trouva chez tous une inflammation plus ou moins étendue du tube intestinal, et quelquefois les autres organes étaient pareillement altérés. Chez tous des ecchymoses nombreuses se remarquaient à la base du ventricule gauche du cœur. Cette cir- constance est fort importante à noter; car souvent les ex-

(i) M. Labarr.ique, auquel on s'adressa pour se procurer cette sub- stance, n'en ayant point à sa disposition, piit du sulfate ilererducom- noerce qui, avant été exposé pendant long-temps à l'air, avait passé en partie de l'état de protosulfate à l'état de persidfale ; ce sel fut dissous dans l'eau, puis précipité par l'alcali volatil. On oljtint ainsi un tri- toxide de fer hydraté, mêlé à des hydrates de protoxide et de dcu- toxide.

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perts négligent de constater l'état de la membrane interne de cet organe, et cependant les auteurs de médecine légale, et en particulier M. Orfila, ont signalé cette lésion, qui se rencontre assez fréquemment après l'empoisonnement par les préparations arsenicales.

INous devons aust^i faire remarquer que les matières con- tenues dans le tube intestinal du premier cheval, mort treize heures après l'ingestion du poison, n'ont présenté ù l'analyse aucune trace d'arsenic; il est probable que la diarrhée abon- dante que l'on a observée chez tous ces animaux aura com- plètement vidé les intestins de toute la matière vénéneuse qu'on y aurait rencontrée plus tôt.

L'annonce d'un contre-poison de l'arsenic a fait sensation dans le monde médical ; des chimistes se sont empressés de soumettre à de nouvelles expériences un aussi précieux an- tidote. M. Orflla, entre autres, a déclaré à l'Académie qu'il était convaincu des propriétés attribuées par MM. Bunsen et Berthold au tritoxide de fer hydraté. Avant peu, sans doute, il ne saurait rester d'indécision à cet égard, car les savans de tous les pays s'occupent avec activité de cette im- portante question. Nous allons rapporter, dans l'article sui- vant, des expériences qui ont été tentées en Angleterre, et qui ne semblent pas promettre d'aussi beaux résultats que ceux annoncés par M. Orlila.

ART. 968.

Expériences tentées avec le tritoxide de fer hydraté pour con- stater ses effets comme antidote dans l'empoisonnement par l'a- cide arsénieux.

On trouve dans le journal anglais London médical Gazelle, une lettre adressée au rédacteur par le docteur Brett, qui s'est occupé de quelques recherches sur l'antidote de l'arse- nic, présenté par MM. Bunsen et Bcrlhold, (leGœllingiu; (1). Ce médecin a voulu s'assurer si le liiloxide de fer hydraté, s'unissant à l'acide arsénieux, formait un composé insolu- ble dans l'estomac, et voici les expériences auxquelles il s'est livré :

(1) Voy. :irl. «j.V").

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Deux grains et demi d'arsenic ( acide arsénieux ) ont été administrés à un lapin de moyenne grosseurà neuf heu- res vingt minutes du matin. Aucune nourriture ne lui a été donnée pendant les i^ix ou sept premières heures, durant les- quelles l'animal est resté très-bien portant; après cet inter- valle on lui a oilVi t une petite quanlité de nourriture qu'il a mangée avec avidité. A dix heures du soir l'animal pa lais- sait encore en bon état, mais le lendemain matin, à huit heu- res, il fut trouvé mort. Les veines jugulaires en particulier, et tout le système veineux en général, étaient remplis de sang à demi coagulé; presque toute la surface interne de l'estomac était enflammée; sa muqueuse était ramollie et se détachait fiicilement : les intestins étaient s.iins.

2" Un peu moins de deux grains de ce poison furent ad- ministrés à un petit lapin, et trois ou quatre minutes après on lui fit avaler huit à dix grains de tritoxyde de fer hydraté. Ce, petit animal mourut en moins de trois heures, après être resté pendant ce temps dans un état de torpeur, mais sans donner de marques de souffrances. On trouva le cœur et le système veineux gorgés de sang fluide, l'estomac distendu par de la nourriture, et une quantité considérable de muco- sités recouvrant sa membrane, qui n'oflVait aucune trace d'inflammation. Les intestins n'étaient nullement altérés. On doit faire observer qu'une petite quantité d eau avait été in- troduite dans l'estomac après l'ingestion de l'acide arsénieux et du tritoxyde de fer.

De l'arséniate de fer fut préparé en précipitant du per- sulfate de fer au moyen del'arsénitede potasse. Le précipité, après avoir été lavé quelque temps dans de l'eau bouillante, fut séché à une douce chaleur. Cinq grains en furent admi- nistrés à un fort lapin à dix heures du matin. L'animal parut à peine indisposé jusqu'à six heures après midi, époque à la- quelle il devint languissant et refusa de la nourriture. Il resta dans cet état pendant deux heures, au bout desquelles il pa- rut violemment agité. La respiration était évidemment très- gênée. Il mourut en fort peu de temps. On trouva le système veineux gorgé de sang coagulé ; la muqueuse du larynx et de l'estomac fortement enflammée, et couverte d'une couche de mucosités fort épaisses et fort adhérentes.

4" Six grains d'arséniate de fer, mêlés avec environ pa- reille quantité d'oxide de fer libre, furent adnn'nistrés à un fort lapin ; mais comme cette substance lui fut donnée le soir, ou ne put savoir combien de temps il vécut après son inges-

TOM. VI. 2

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tion : il fut trouvé mort le lendemain matin. Le système vei- neux était également gorgé de sang coagulé, et la muqueuse stomacale enûammée et couverte d'une couche de mucosi- tés seinbUible à celle qu'on avait rencontrée dans l'observa- tion précédente.

De ces expériences et de quelques autres, tentées pour reconnaître l'action de l'antidote proposé sur l'acide arsé- nieux à diverses températures, M. Brelt conclut : que le tri- toxide de fer hydraté ne peut être administré comme anti- dote de l'acide arsénieux avec aucune chance de succès, et que, comme les autre antidotes déjà proposés, il agit pro- bablement en protégeant les parois de l'estomac contre l'ac- tion du poison, et non en en formant un composé insoluble. Réflexions. Nous ne pensons pas que les expériences de M. Brelt doivent nous faire perdre l'espoir d'avoir enfin ren- contré un antidote de l'acide arsénieux : il paraît en effet, d'après la remarque faite par des chimistes français, qu'il faut, pour nculraliser une quantité donnée d'arsenic, une dose beaucoup plus forte de tritoxide. Cependant nous appel- lerons l'attention des médecins qui se livreront à de nouvelles expériences, sur cette couche épaisse et presque solide de mucosités qui tapissait toute la paroi interne de l'estomac, et formait en effet comme une barrière qui devait s'opposer, jusqu'à un certain point, à l'absorption du poison. On con- çoit que si le tritoxide hydraté ne prévenait que par ce mé- canisme les fâcheux effct'^ de l'arsenic, ce serait un antidote bien infidèle, et qui ne mériterait assurément pas ce nom. Mais il paraît que par des causes que nous ne pouvons indi- quer, les chimistes français obtiennent de leur côté des suc- cès assez prononcés pour ne guère laisser de doute sur la précieuse propriété de ce corps. Nous avons déjà parlé des essais tentés par M. Lesueur; M. Soubeiran a lu à l'Acadé- mie, dans sa séance du 2 décembre, le résultat d'expériences variées qu'il a faites avec M. IMiquel,et qui lui ont permis de conclure que le tritoxide de fer est un excellent contrepoi- son de l'acide arsénieux, mais que, pour avoir un résultat satisfaisant, il faut l'administrer : i°peu de temps après l'in- gestion du poison; à une dose au moins cinq fois plus grande que celle de la matière véncQCuse; enfin étendu d'eau.

ART. 969.

Considérations sur femploi du séton dans te traitement du nœvus sous-cutané.

Le docteur Thomas Fawdington a publié dans le même journal quelques considérations sur l'emploi du séton pro- posé par lui eu i83o pour le traitement du nœvus sous-cu- tané. Ce moyen, adopté depuis lors par plusieurs chirur- giens, a réussi un assez grand nombre de fois pour fixer l'attention des praticiens.

Pour employer le séton, dit ce chirurgien, il est néces- saire de s'assurer de deux points principaux : la suppression de l'hémorrhagie fournie par les vaisseaux que divise l'ai- guille^ et plus tard le développement d'un degré d'irritation suffisant pour exciter l'inflammation et la suppuration qui doit dissiper la tumeur; on accomplit le premier en em- ployant un fd assez gros pour remplir exactement l'ouver- ture faite par l'aiguille, et le second en choisissant une aiguille qui puisse admettre un séton très-considérable, proportionnément à la tumeur. Si cependant l'irritation déterminée était trop faible, il serait facile de faire pénétrer dans le canal nouvellement établi quelques irrilans, et même un caustique.

Ce moyen fut employé avec succès dans l'observation suivante :

"William Bancroft, âgé de quarante ans, se présenta le 19 mai 1854 avec un nœvus situé sur la joue droite, au- dessous de l'angle externe de l'œil. La tumeur était du vo- lume d'une noix, considérablement élevée au-dessus du ni- veau des tégumens et de couleur bleuâtre, et quoiqu'elle eût son siège principal dans la peau, elle s'étendait jusqu'au tissu cellulaire, de manière à offrir en même temps les ca- ractères du nœvus cutané et sous-cutané. Le malade décla- rait que dans le principe celte tumeur s'était montrée sous la forme d'une tache, mais que depuis trois ou quatre ans elle avait commencé à faire saillie et avait crû dans toutes les dimensions. Il ne pouvait dire cependant si depuis six mois elle avait éprouvé quelques changemens. Uu séton fut aussitôt passé au travers de ce nœvus, dans la direction ho- rizontale qui correspondait à son plus grand diamètre.

(ao)

Le 24 la tumeur avait un peu augmenté de volume, mais la suppuration n'était pas encore établie.

Le 26 la suppuration s'opérait par les deux plaies, et le gonflement de la tumeur était moindre, ce qui fit craindre que l'irritation ne fût pas assez forte pour amener sa résolu- tion; en conséquence le séton fut trempé dans une solution de potasse caustique et placé de nouveau dans la plaie : cette manœuvre produisit une légère douleur.

Le 3o la suppuration était assez copieuse etla tumeur con- sidérablement diminuée. Le séton fut enlevé.

Le 4 juitï l6 noevus était en grande partie dissipé. Ildépas- sait à peine les tissus voisins, et semblait ferme au toucher comme si les vaisseaux qui entraient dans sa composition eus- sent contenu un corps solide.

Le 10 la tumeur était réduite au quart de son volume pri- mitif et ne dépassait pas le niveau de la peau. Cependant, voulant obtenir sa réduction complète, M. Fawdington passa un petit séton dans la direction perpendiculaire, et le laissa en place une huitaine de jours, pendant lesquels il excita une vive inflammation.

Le 28 juillet, il n'y avait aucune apparence de nœvus, et les tégumens sur lesquels la tumeur était située se trouvaient lisses et unis, et offraient à peine une cicatrice indiquant le point avait été la maladie. Les cicatrices qui suivent cette opération sont en eflét à peine sensibles, et il faut les re- chercher avec soin pour reconnaître leur existence.

ART. 970.

Séance d'Académie. Considérations sur le spasme de l'urètre et du col de la vessie.

M. Civiale a lu à l'Académie des sciences un mémoire fort intéressant sur le spasme des organes urinaires. Suivant ce médecin, la vessie doit être comparée à la matrice dans l'état de gestation; quand cet organe entre en contraction, la résistance des fibres du col, ou plutôt du cercle fibreux contractile qui l'entoure, est vaincue par la contraction des fibres du corps. Tant que l'harmonie existe entre l'action de ces deux puissances, les contractions des fibres du corps n'ont lieu que lorsque la vessie est pleine d'urine, et, celles du

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col cédant alors sans difficulté, la fonction s'exécnte presque sans la participation de la volonté. Mais, dès que cette har- monie cesse, il survient des accidens plus ou moins graves. Ainsi, une multitude de causes, telles que l'abus du coït, l'action des canlharides, l'usage de la bière, etc., peuvent déterminer un étatspasmodique du conduit urinaire; en voici plusieurs exemples dus à des causes différentes.

Un officier, âgé de trente-six ans, avait eu plusieurs blen- norrhajîies dont il s'était débarrassé avec beaucoup de bon- heur. Sa santé était excellente, lorsqu'à la suite d'un excès dans le coït, il se trouva tout-à-coup dans l'impossibilité ab- solue d'uriner. Un seul cathétérisme suffit pour rendre à la vessie la régularité de ses fonctions. Quelque temps après, le même accident se reproduisit ; le même moyen fut suivi d'un aussi prompt succès. Cet officier, ayant reconnu la né- cessité de se livrer plus modérément au coït, n'éprouva plus de rétention d'urine.

D'autres fois la cautérisation pratiquée pour remédier à un rétrécissement de l'urètre suffit pour déterminer le spasme de ce canal et s'opposer à l'émission des urines. M. Civiale a cité l'exemple d'un Anglais que l'on traitait par cette méthode pour des rétrécissemens très -anciens, et qui se trouvait dans l'impossibilité d'uriner toutes les fois qu'on avait cautérisé un point du canal, bien que cette opé- ration fût pratiquée très-rationnellement, et que l'urètre ad- mît facilement d'ailleurs l'introduction d'une sonde de petit calibre.

EnGn ce spasme de Purètre s'observe assez fréquemment lorsqu'on pratique la lithotritie, et il est des malades chez lesquels chaque tentative détermine une rétention d'urine plus ou moins prolongée.

Dans tous ces cas, il est, suivant M. Civiale, un seul moyen à employer, c'est le cathétérisme, qui, pratiqué à temps, et en mettant la plus grande lenteur dans l'introduction de l'instrument, rétablit bientôt l'équilibre entre les différentes parties des organes urinaires, et prévient toute espèce d'ac- cidens.

ART. 971.

Emploi des émissions sanguines pour combattre la cyanose des nouveaux-nés. Instrumens pour remédier aux rétrécisse" mens de l'urètre. Ophtalmie scropliuleuse traitée par les lotions avec la solution de nitrate d'argent. Virus-vaccin neutralisé par l'ammoniaque.

Le dernier compte-rendu des travaux de la Société de mé- decine pratique contient plusieurs faits intéressans, que nous allons faire connaître à nos lecteurs.

Cyanose. Une dame avait perdu deux enfans cyanoses quel- ques jours après leur naissance, et le médecin ayant fait l'au- topsie de l'un d'eux, avait reconnu la non-oblitération du trou de Botal. M. Bertholet, appelé pour accoucher la mère une troisième fois, craignit le même accident, et laissa sai- gner abondamment le cordon ombilical. L'enfant téta bien pendant trois jours, et fut pris de cyanose le quatrième. Trois sangsues furent appliquées à l'épigastre, et le sang ayant coulé toute la nuit, la cyanose disparut.

Fistule vésico-vaginale. Une femme de vingt-sept ans por- tait une ouverture de plus d'un pouce de